INTERVIEW - Elis (2010)

Après la douloureuse période qui a suivi la disparition de leur chanteuse Sabine Dünsen, le groupe Elis retrouve une actualité plus positive avec son nouvel album ‘Catharsis’. Bien que fort occupée, Sandra Schleret (Siegfried, ex-Dreams Of Sanity), qui a repris le micro, a tout de même répondu à nos questions.



- Comment est né votre dernier opus ‘Catharsis’ et quel en est le concept ?

Nous avons commencé l’écriture de ‘Catharsis’ rapidement après mon arrivée comme chanteuse d’Elis. Pete m’a donné deux chansons pour lesquelles il avait uniquement enregistré les riffs de guitare et la batterie et j’ai eu l’entière liberté d’écrire mes lignes vocales comme je le souhaitais. Je suis très heureuse de la confiance que le groupe m’a accordée pour proposer ces textes. Cependant, dès le début il était clair pour tous que nous voulions faire un album plus lourd et plus sombre que les précédents, car nous étions tous de grands fans de ce genre de musique.

- Alors peux-tu nous en dire plus sur ces chansons ?

Le concept des paroles est inspiré de ma propre catharsis. Environ un an avant de rejoindre Elis, on m’a diagnostiqué un cancer des ganglions lymphatiques (Morbus Hodgkin) qui a entraîné une thérapie chimique et par radiations, accompagnée de souffrances et de peurs. Cela a totalement changé ma vision du monde. Pendant ces mois, tout a changé et j'ai retrouvé mon moi intérieur, parce que dans une telle situation tu apprends beaucoup et tu prends conscience de ce qui est réellement important. Tu trouves en toi une force auparavant insoupçonnable. Dans les chansons, je raconte ces expériences que j’ai faites regardant le monde, spectatrice cloîtrée dans une chambre d’hôpital, incapable d’y participer.

- Comment votre musique a-t-elle évolué notamment dans ses atmosphères qui apparaissent plus sombres ?

Oui, tu as raison, les chansons sont un peu plus lourdes et sombres. D’un côté c’était une volonté d’aller dans une direction plus ‘hard’ et d’autre part nous avons bien sûr été influencés par les tristes événements qui se sont passés. C’est pourquoi nous combinons des riffs hard voire même thrash à plusieurs niveaux de voix féminines et nous sommes très enthousiastes face au rendu de ces mélanges. C’est très agréable de jouer ces chansons et c’est ce qui est le plus important pour nous.

- Est-ce toi qui apportes les superbes mélodies orientales, comme dans ‘Des Lebens Traum – Des Traumes Leben’ ?

J’aime réellement les mélodies orientales et les atmosphères qu’elles ne manquent jamais de créer. À chaque fois que je sens qu’il y a la place, je m’amuse véritablement à les assembler dans mes lignes. Le groupe me donne réellement toute latitude dans les paroles et les arrangements vocaux et c’est très appréciable !

- Comment travaillez-vous les compositions ?

La plupart des chansons de ‘Catharsis’ sont réalisées selon la recette suivante : Pete écrit un arrangement de riffs de guitare et la programmation de batterie. Il me remet alors cette trame et je compose le chant et les arrangements vocaux. Nous reconstruisons le tout pour en faire une version de démo sur laquelle nous discutons avec le groupe pour améliorer et développer les morceaux. Max a également contribué à deux chansons et j’ai écrit la ballade ‘Rainbow’ avec une de mes anciennes comparses : Simone Dyllong, de Soulslide. J’écris normalement les paroles après les lignes de chant, mais souvent les mots me viennent sans que j’y pense spécialement.

- Tu possèdes une grande expérience avec d’autres groupes, qu’est-ce qui est différent avec Elis ?

La principale différence est définitivement que personne ne prétend y être le leader. L’atmosphère dans le groupe est très amicale et décontractée, sans luttes de pouvoir ou des choses dans ce genre. C’est un point très important pour moi.

- Est-ce que la musique metal est votre seule activité ou avez-vous un autre travail ?

La musique est juste un hobby pour nous parce que nous ne gagnons de loin pas assez pour en vivre. Euh… exception faite pour notre batteur Max, qui est musicien professionnel et joue dans un orchestre, moi je suis laborantine.

- Vous avez récemment pris part à la tournée festival Beauty And The Beast avec trois autres groupes de metal : peux-tu nous donner quelques retours de cette expérience ?

Cette tournée a été absolument géniale ! Je pense qu’il est rare de trouver autant de gens si cool réunis. Nous nous sommes beaucoup amusés. J’ai même eu la chance de me joindre à Atrocity comme invitée vocale : on a improvisé spontanément et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Bien qu’il y eût beaucoup de groupes et que nous n’avons pas eu un jour de repos, tout s’est fait dans une ambiance décontractée et nous sommes vraiment heureux d’avoir pu participer à cette expérience.

- Quelles sont les prochaines étapes de votre carrière : un DVD live ? Une tournée internationale ?

Eh bien, avec l’édition limitée de notre CD, il y a déjà un DVD live enregistré durant notre participation au Metal Female Voices Festival en 2007. Nous sommes heureux d’offrir ce bonus à nos fans ! Une autre tournée internationale serait bien sûr appréciable et nous commençons déjà à travailler sur notre prochain album.

- Quand vous reverra-t-on en tournée et plus particulièrement en Suisse francophone ?

Nous espérons le plus tôt possible, mais il n’y a encore rien de planifié dans l’instant, alors n’hésitez pas à nous inviter (sourire) !

Le mot de la fin ?
Merci beaucoup pour cette interview et salutations à la Suisse romande !

www.elis.li

Pascal

Interview réalisée par e-mail en février 2010

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mis en ligne le : 11.06.10 par graber

INTERVIEW - Dark Tranquillity (2009)

Point de sapin ni de petits chanteurs de Noël ! Dark Tranquillity passe les fêtes de fin d’année sur la route, en compagnie d’Heaven Shall Burn et Caliban. Les Suédois promettent malgré tout quelques jolis cadeaux à leurs fans : le somptueux DVD ‘Where Death Is Most Alive’ à peine dans les bacs, le groupe annonce déjà la venue de son neuvième album, ‘We Are The Void’. Niklas Sundin (guitare) vous souhaite un joyeux No Hell !



- Salut Niklas ! Qu’as-tu reçu à Noël ?

Pas grand-chose, en fait. Je ne suis pas très fan des grandes fêtes. Avec ma femme, on a décidé de s’offrir des cadeaux symboliques. J’ai reçu trois paires de chaussettes, un de ces trucs qui ressemble à un pistolet et avec lequel tu peux allumer des chandelles, et… c’est tout, je pense (rires).

- Tu n’as même pas reçu une boîte de Lego, pour un nouveau clip de Dark Tranquillity (la vidéo illustrant ‘Terminus’ est réalisée à partir de personnages en Lego) ?

(Rires) Non, on doit les acheter nous-mêmes. L’industrie du disque va tellement mal, tu sais !

- Comment se passe cette tournée ?

Très bien. On ne fait que six shows et celui de Pratteln est le cinquième. Martin Brändström, notre claviériste, était malade au début et il n’a pas pu participer aux deux premières soirées. Il nous a rejoints sur la troisième date. C’est assez étrange de tourner entre Noël et Nouvel An. Pour nous, le but de ces dates est de présenter Dark Tranquillity à un nouveau public et on voit effectivement des gens différents de ceux qui viennent habituellement nous voir. Ils ne s’habillent pas la même chose, n’ont pas le même âge… Mais le retour est très bon, d’une manière générale.

- Les membres d’Heaven Shall Burn ont toujours clamé haut et fort que Dark Tranquillity faisait partie de leurs principales influences. Vous voir ouvrir pour eux peut paraître étrange, un peu comme si Maiden ouvrait pour vous…

(Rires) Non, je ne pense pas. C’est un bon groupe et nous n’avons pas forcément ce sentiment de prestige. Lorsque tu t’engages dans une tournée, tu dois faire preuve de pragmatisme. Tout repose sur les ventes d’albums et la popularité. Heaven Shall Burn a plus de succès que nous en Allemagne, alors pourquoi devrions-nous nous sentir embarrassés à l’idée d’ouvrir pour eux ? On est heureux d’être là. Qu’on ouvre pour un groupe qui existe depuis dix ans ou seulement une année n’a pas d’importance…

- Vous venez de terminer le mix de votre nouvel album, ‘We Are The Void’. Durant l’enregistrement, vous avez posté plusieurs vidéos montrant votre travail en studio. Était-il important pour vous de partager ce processus avec vos fans ?

Pour être honnête, on n’est pas spécialement branchés par ce genre de trucs. On est déjà bien assez nerveux et stressés en studio, sans ajouter cette pression supplémentaire. Mais Anders Björler d’At The Gates et The Haunted nous a proposé de tout filmer et de monter les images. On n’avait rien à faire sinon accorder quelques brèves interviews. Pour nous, l’enregistrement d’un album n’est rien de nouveau mais nous avons réalisé que pour de nombreuses personnes, voir comment les choses se passent en studio peut être très intéressant.

- Tu dis te sentir très nerveux en studio. Le fait d’enregistrer chez Daniel Antonsson (basse) et Martin Henriksson (guitare) a-t-il simplifié les choses ?

Oui. Le problème d’un studio ‘extérieur’ est que tu le réserves pour un certain temps et quoi que tu fasses, tu entends l’horloge tourner. Avec le dernier album, on a passé les deux dernières semaines à mixer les titres, bossant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Avec le risque de prendre les mauvaises décisions. Cette fois, nous voulions être certains de pouvoir nous relaxer. Cela ne nous a pas empêchés de rester concentrés et de travailler énormément…

- Dans l’une des vidéos, Martin Henriksson affirme qu’il est bien plus simple pour vous d’enregistrer seul devant votre ordi. Ça ne vous manque pas d’avoir une oreille extérieure ?

Non, c’est comme ça qu’on travaille le mieux. On n’aime pas avoir des gars dans les parages qui écoutent ce qu’on fait. Enregistrer des guitares est un boulot fastidieux et tu dois rester concentré à cent pour cent. Je me souviens de l’enregistrement des premiers albums. Tout le monde était en studio, à me regarder jouer… Je préfère largement être seul. Bien sûr, on écoute le résultat final tous ensemble et la plupart du temps, Martin et moi sommes tous deux présents pour les enregistrements.

- Depuis la sortie de ‘Fiction’, Dark Tranquillity a connu un petit changement de personnel avec l’arrivée de Daniel à la basse. Ce dernier a-t-il participé activement à la réalisation de ‘We Are The Void’ ?

Oui. Notre manière de composer est très démocratique et tout le monde peut amener ses idées, ses riffs. L’arrivée de Daniel a amené une nouvelle énergie. Michael Niklasson était au bout du rouleau. Il ne s’amusait plus en tournée ; être dans un groupe de ce niveau ne le motivait plus.

- À ce jour, un seul extrait de ‘We Are The Void’ a été rendu public, ‘Dream Oblivion’. Est-il représentatif de l’album ?

Pas vraiment. ‘We Are The Void’ est très varié. Le titre que tu mentionnes est en fait assez différent de l’ensemble. Il s’agit d’une chanson écrite par Daniel. Ceci explique sans doute cela. Il n’y a pas d’autre titre qui sonne de manière similaire sur l’album. Mais c’est aussi vrai pour d’autres chansons de ‘We Are The Void’. ‘Dream Oblivion’ contient pas mal de claviers. À l’inverse, ‘Shadow In Our Blood’, pour lequel nous avons tourné un clip en contient globalement très peu. Quel que soit le titre choisi pour la promo, il n’aurait sans doute pas été représentatif de tout l’album mais ‘Dream Oblivion’ est un bon avant-goût.

- On a reproché à ‘Fiction’ d’être musicalement trop proche de ‘Character’. La diversité de ‘We Are The Void’ est-elle une sorte de réaction à ces critiques ?

C’est dur à dire. Chacun se fait sa propre opinion. Pour certains, ‘Fiction’ était trop similaire, pour d’autres, trop différent… Chaque album est la combinaison de ce que nous voulons faire à un moment donné. Je reconnais volontiers que le nouvel album est très différent, plus organique. C’est une sorte de nouveau chapitre qui s’ouvre. Mais est-ce que le son de ‘Fiction’ nous a poussés dans cette direction ? Je ne pense pas…

- Quel message dissimule le titre ‘We Are Void’ ?

Ce serait plutôt à Mike (Stanne, chant) de te répondre. Je crois que cette fois, il voulait avoir des textes qui se concentrent sur la mort. Nous avions toujours évité ce genre de thèmes par le passé car ils font assez cliché pour un groupe dans notre genre musical. Je n’en ai pas vraiment parlé avec Mike mais d’une manière assez basique, le titre représente le passage de la vie à la mort. Il n’y a pas d’au-delà, pas de voyage dans une autre dimension, juste le vide. Tu vis, tu meurs ; les molécules s’assemblent et se séparent. C’est une vision très nihiliste du monde. Mais ce n’est que mon interprétation. Mike aurait sans doute d’autres choses à dire.

- Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas toi qui t’es chargé de la pochette de l’album…

L’artwork devait être livré alors que nous étions en plein enregistrement. Dans la mesure où j’étais pas mal impliqué musicalement dans ‘We Are The Void’, je me suis rendu compte que je n’arriverais sans doute pas à faire les deux sans bâcler le travail. Mike s’est donc occupé de coordonner les choses. C’était un soulagement de confier ce boulot à quelqu’un d’autre. Par le passé, dès que l’enregistrement était terminé, je devais encore passer énormément de temps à créer la pochette, le livret… C’était intéressant de découvrir les idées d’un graphiste complètement extérieur au groupe.

- On entend souvent les musiciens se plaindre du téléchargement illégal. Quel est ton avis de graphiste sur la question ? Ne crains-tu pas que même avec la ‘solution’ du téléchargement gratuit, ton job devienne obsolète ?

Je pense que le support CD résistera encore quelques années. Ne serait-ce que comme ‘bonus’ pour les nostalgiques. D’une certaine manière, la relation entre la musique et l’aspect visuel restera importante. Le CD classique, dans son boîtier plastique, disparaîtra peut-être mais il y aura toujours besoin d’un vecteur visuel pour accompagner la musique, que ce soit le design d’un site Internet, une présentation multimédia, des T-shirts… Je crois et j’espère que pour la plupart des groupes la présentation visuelle reste importante.

- Observes-tu des changements dans ce que les clients te demandent ?

Les gens jouent de plus en plus la carte de la facilité. On pourrait croire que, vu l’état du marché, les labels misent sur la nouveauté, proposent des packagings inattendus : ils ont besoin de proposer quelque chose de neuf pour se démarquer. Alors que je vois de plus en plus de labels qui me commandent un digipack accompagné d’un livret de seize pages, avec un crâne dessus pour que tout le monde sache qu’il s’agit d’un groupe de metal.

www.darktranquillity.com

Dave

Interview réalisée le 29 décembre 2009 à Pratteln

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mis en ligne le : 09.06.10 par graber

INTERVIEW - Crucified Barbara (2009)

Quand on regarde les photos de Crucified Barbara, on se demande comment elles sont dans la vraie vie… Superficielles ? Artificielles ? Glaciales ? Ou tout autre chose ? Dans le salon guest du Transylvania, l’atmosphère est détendue, Mia Coldheart (chanteuse) lit un livre avant de disparaître, Nicki Wicked (batteuse) est en pleine discussion avec un vieux biker suisse allemand qui ne parle pas un mot d’anglais, Ida Evileye (basse) attend patiemment qu’on fasse l’interview et Klara Force (guitare) n’est pas dans les parages. Je vous laisse découvrir par vous-mêmes ce qu’on a appris, suite à une discussion avec Nicki et Ida…



- L’album ‘Til Death Do Us Party’ est sorti depuis plusieurs mois maintenant, qu’avez-vous fait depuis sa sortie ?

Nicki : Pendant l’été, on a fait pas mal de festivals et on a fait beaucoup de concerts en Suède lors des week-ends en février, mars et avril. Après on a joué en Italie et on a pas mal bougé.

- Vous avez un peu changé votre style sur l’album pour vous diriger vers un son plus rock’n roll, quelle en est la raison ?

Ida : Dans les compos et dans le son, il y a eu des changements, mais je pense qu’on est allées dans le bon sens, le son est comme nous voulions qu’il soit.

- Et vous avez rajouté un soupçon d’humour cette fois-ci...

Nicki & Ida : (Rires) Oh oui, on a fait un clip...
Ida : Les vidéos peuvent parfois être un peu prétentieuses et un peu trop sérieuses, mais je crois que celle-ci représentait bien le titre.

- Quel a été le facteur qui vous a poussées dans cette direction plus rock’n roll ? Ça vous a permis d’avoir plus de dates ?

Personne ne nous y a obligées. Je crois qu’on a fait des progrès dans la composition et ceci nous a permis d’avancer et de nous améliorer. On ne s’est jamais dit qu’on voulait sonner d’une certaine façon ; c’était le résultat final qu’on a obtenu.
Nicki : On est très contentes de cet album. Ça nous a permis d’avancer encore un peu, on a fait pas mal de dates et on a même pu jouer en République tchèque. Mais on aimerait bien pouvoir aller jouer en Amérique et au Japon, ça serait cool.

- Par le passé, Mia a participé à pas mal d’albums tribute notamment pour Motörhead, vous faites toutes ça ? Mia m’a l’air d’être davantage sur le devant de la scène maintenant, elle a notamment figuré sur l’album de Bonafide.

Non, je ne l’ai pas fait, mais j’aimerais bien. Ça doit être vraiment cool d’être une guest star sur l’album de quelqu’un d’autre. C’est différent et ça doit être amusant, si on aime bien la musique du groupe, mais ce n’est pas arrivé jusqu’à maintenant. Peut-être dans le futur...

- J’aimerais bien qu’on parle un peu plus de vous en tant qu’individus, histoire de casser ce mythe sur le fait que vous êtes des ‘ice maidens’. En tant que femme, je constate que les filles sont souvent mises à l’écart du rock, vous devez souvent vous battre pour pouvoir avancer ?

Je ne sais pas quoi répondre. On veut juste être un bon groupe de hard rock comme tous les autres, mais on n’a pas choisi d’être un groupe uniquement féminin. Personnellement, ce qui m’avait poussée dans cette direction était la découverte de groupes tels que Nirvana et Hole, tout ce qui était grunge. C’était au début, quand on commençait à écouter de la musique. On était tous fans de groupes tels qu’Alice In Chains, Nirvana…
Ida : On a grandi en écoutant beaucoup de musique et on était toutes d’accord sur le fait qu’on voulait également jouer ce genre de musique, c’était quelque chose d’amusant à faire au lieu de perdre son temps et traîner comme tellement d’ados le font. Pour nous c’est évident et naturel, les questions viennent surtout des journalistes qui accentuent le fait qu’on est des femmes qui jouent ensemble.

- C’est sûrement vrai, mais moi je vous la pose en tant que femme, parce que même les journalistes féminines sont aussi moins bien vues que les mecs. À croire qu’on connaît moins le metal et le rock que les gars…

Nicki : Ce groupe n’a pas été formé avec l’intention de mettre en avant le fait qu’on est des filles. À la base, on habitait dans des quartiers différents à Stockholm et on s’est rencontrées grâce à la musique. On jouait toutes dans des autres groupes avant. On est devenues de bonnes amies.
Ida : On était quatre personnes qui s’entendaient bien, qui avaient les mêmes passions et envies.

- Ok, passons à autre chose. Désolée de vous avoir poussées dans cette direction-là.

Nicki : Ce n’est pas grave, mais pour nous, c’est parfois très difficile de répondre.
Ida : Nos fans viennent à nos shows surtout parce qu’ils aiment notre musique, et on est très fières de notre public qui nous respecte.

- On a souvent l’impression qu’il y a une multitude de groupes qui sortent de la Suède et des autres pays nordiques.

C’est vrai, ça va de la pop au death metal, il y en a de tous les genres. C’est une histoire culturelle et c’est gravé dans la pierre que chaque personne doit apprendre à jouer de la musique. Il y a des centres communautaires où tout le monde peut aller pour apprendre à jouer d’un instrument. Il y a de très bons groupes et ceci motive les autres à s’y mettre à leur tour.
Nicki : C’est financé par l’État et on peut choisir l’instrument qu’on veut. Et il y a même des lycées musicaux, comme il en existe aux États-Unis. Tu peux y jouer de la batterie ou de la basse.

- Vous êtes très modernes en Suède !

Ida & Nicki : Oui (rires) !

- Parmi tous les pays où vous avez joué, selon vous, où se trouvent les gens les plus barges ?

En France !
Nicki : On a beaucoup de personnes qui viennent nous voir jouer, elles nous amènent beaucoup de cadeaux… Et l’Italie aussi. On nous donne même des poèmes. C’est très sympa, mais les gens sont parfois un peu trop en adoration devant nous.
Ida : C’est cool, on le prend comme un compliment, mais parfois c’est un peu trop… mais on est heureuses !

- Et vous avez des projets pour les festivals de l’été 2010 ?

Oui, on a booké des festivals, mais c’est encore secret tant que ça n’a pas été annoncé officiellement (NdSuzy : Wacken, Fiesta Pagana, Get Away Rock Festival).
Nicki : On espère pouvoir jouer dans beaucoup de festivals l’été prochain, à travers toute l’Europe et même plus loin, si c’est possible. J’aime bien l’ambiance et l’atmosphère des festivals, le public et la possibilité de voir jouer des autres groupes.

- Donc vous n’êtes toujours pas soumises au même régime de tournée que Motörhead, trois cents jours par an minimum ?

(Rires) Non, mais ça viendra peut-être.

- C’est facile pour vous d’obtenir des slots ?

Oui, depuis la sortie de cet album on a reçu beaucoup d’offres de dates, c’est comme si nous avions gravi un échelon, on ne joue plus dans les petites salles minables.

- Arrivez-vous à vivre de votre musique ?

Ida : Parfois on est obligées de travailler à côté, on travaille dans des restaurants et dans des magasins.

- Wow, ça casse un peu le mythe !

Nicki : Et moi, je travaille avec les personnes âgées, j’aime beaucoup ce boulot même si c’est difficile. Je monte sur scène devant une centaine de personnes et le lendemain je m’occupe d’une dame de nonante-cinq ans et je l’aide dans les tâches qu’elle n’arrive plus à faire, ou je discute juste avec elle de choses et d’autres ; j’aime la diversité.

- Je suis impressionnée ! Tu travailles donc avec toutes les générations, d’un côté les jeunes qui viennent voir vos shows et de l’autre ceux qui ont besoin d’aide. Encore une fois, ça montre une réelle intégration dans ta communauté, ça fait partie de la vie.

Oui, en effet. Et on peut faire parfois trois shows dans le mois et je vais pouvoir travailler quelques jours entre les dates.

- Et vous dites à ces personnes âgées que vous êtes dans un group de rock ?

Oui, bien sûr ; elles trouvent ça cool, mais je ne pense pas qu’elles aiment le hard rock. Je ne leur ai jamais fait entendre la musique que je joue. Je pense qu’elles écoutent plus de la musique classique.

- Et vos familles vous soutiennent ?

Ida : Oui, absolument, mais au début ce n’était pas le cas pour moi. Ma mère se disait toujours que ce n’était qu’un hobby, une phase qui allait passer, mais ce n’est pas encore le cas (rires). Et maintenant, elle se rend compte qu’on réussit dans ce qu’on fait et du coup elle est très heureuse et très fière. Mais au début, c’était difficile pour elle, elle aurait préféré que je mette l’accent sur mon éducation, dans le but d’avoir un véritable boulot. Ce que je trouve drôle, c’est quand tu rencontres des vieux camarades de classe et qu’ils te demandent ce que tu fais. Quand tu leur racontes que tu fais de la musique, ils te regardent avec un air désapprobateur.
Nicki : Oui, nos anciens amis qu’on n’a pas vus depuis dix ans ont une formation, un boulot et des enfants, et nous c’est différent.

- Mais vous êtes satisfaites de vos vies, non ?

Ida : Oui, je pense que c’est un réel bonheur de pouvoir faire ça. Je ne pourrais pas m’imaginer faire autre chose.

- Mais je te sens hésitante ; il y a un côté sombre ? Être loin de vos familles ?

Oui.
Nicki : Avoir peu de temps libre ce n’est pas évident, parfois quand on est en tournée, on arrive à visiter les villes... Aujourd’hui, c’est très beau, avec les montagnes autour, mais il n’y a pas grand-chose à faire, alors tu passes dix heures à attendre pour jouer, et c’est ça qui est difficile.
Ida : On est parfois agitées et impatientes.
Nicki : Sur cette tournée, on a pu faire des marches quasi tous les jours.
Ida : Tu as l’impression d’être un gitan hard rock. Quand on était à Barcelone, on a eu trois heures de découvertes.

- Et comment s’est faite la tournée avec Bonafide ?

On a reçu des offres d’autres groupes, mais comme on connaît Bonafide personnellement, ça nous plaisait de pouvoir être entre amis.
Nicki : Un tourbus c’est petit et on est très vite à l’étroit. C’est mieux d’être entouré d’amis. C’est difficile parfois de passer de longues heures dans un bus entouré d’inconnus.

- Mais quand ça arrive, vous tissez des liens quand même ?

Ida : Oui, quand on a fait la tournée avec Motörhead, on a passé du temps avec Lemmy, Phil et Mickey. Mickey est un gars typiquement suédois, originaire de Göteborg...

- En tout cas, Lemmy vous apprécie. Lors d’une interview avec lui, il nous avait même conseillé de vous découvrir…

Ida & Nicki : Oooh, c’est génial.

- Si vous avez encore des rêves à atteindre, quels sont-ils ?

Ida : On a déjà réalisé certains de nos rêves, mais je crois que tu te remets en question continuellement, et donc les envies évoluent. On aimerait aller au Japon et aux States.
Nicki : Je crois qu’on voudrait continuer à développer nos techniques. On cherche toujours à s’améliorer, à écrire de nouveaux titres. Beaucoup s’entraîner.
Ida : Je ne m’entraîne pas trop, je trouve ça assez ennuyant, je préfère répéter avec le groupe et faire les enregistrements en studio, c’est un challenge, d’avoir le meilleur résultat à la fin.

- Votre label vous permet une liberté totale dans vos choix ?

Oui, on est très contentes, on a sorti deux albums avec ce label (GMR). On avait songé changer pour un plus grand label, mais à la fin on a décidé de rester avec eux. Comme la responsable nous laisse faire ce dont on a envie, on a pu choisir le producteur et le studio.

- Parlons un peu des festivals, parce que vous êtes encore un jeune groupe avec deux albums. Cette année, la tête d’affiche, dans beaucoup de festivals, sera tenue par des groupes trentenaires tels que Twisted Sister. Vous pensez que les nouveaux arrivants ont réellement une chance d’atteindre les sommets ?

Nicki : Yeah (rires) !
Ida : Eux, ils ont eu leurs grands moments il y a vingt ans et c’était à l’époque où les gens achetaient encore des albums. À cette époque, tu avais moins de groupes, ceux qui arrivaient au sommet étaient vraiment au sommet. Aujourd’hui, il y a tellement de groupes ! Quand un groupe crée un nouveau style, il s’en sort un peu, sinon... Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible de créer un nouveau style comme ça. Tout est une copie de ce qui a déjà été fait et déjà entendu. Du coup on aime toujours les originaux.

- Vous avez dit être fans d’Alice In Chains. Eux aussi se sont reformés, après le come-back des groupes eighties, avec Alice, c’est un groupe des années nonante qui est revenu.

Nicki : C’est vrai. Il y a du positif et du négatif.
Ida : Tu peux aller voir jouer AC/DC, mais j’aurais préféré aller les voir à la bonne époque, quand ils étaient jeunes et en forme (rires).
Nicki : Certains l’ont fait (rires).

- Et il y a Bonafide qui se rapproche un peu de tous ces styles eighties.

Ida : C’est vrai, mais ce n’est jamais comme l’original.
Nicki : On aime toujours les originaux, c’est eux qui ont commencé.

- Quel est l’avenir de tous ces groupes dans dix ans, tous ces grands groupes seront à la retraite et en chaises roulantes. Tu penses que l’époque des grands festivals est bientôt révolue ?

Ida : J’espère que d’ici dix ans on fera la tête d’affiche du Wacken.
Nicki : Mais il y a tellement de concurrence aujourd’hui, c’est difficile à dire.
Ida : Il y a tellement de groupes qui jouent aujourd’hui.

- Vous arrivez à découvrir de nouveaux groupes ?

J’adore la musique et j’essaye de faire des découvertes.

- Votre grand favori ?

Mmh, le préféré de tous ? Je pense Judas Priest.
Nicki : Difficile, mais je pense Judas Priest et Led Zeppelin et les trucs comme Black Sabbath.

- Indy : Et si Judas avait besoin d’un nouveau batteur ? Tu relèverais le défi ?
Non, je préfère rester avec Crucified Barbara.

- Vous préférez faire des tournées en tant que headliner ou en première partie de grands groupes ?

Ida : J’aime bien cette tournée, et c’était cool aussi quand on a fait les grandes salles avec Motörhead, mais les fans sont là à la base pour le grand groupe et pas toujours pour toi. Rien ne remplacera l’atmosphère d’une plus petite salle où le public est là pour toi.
Nicki : Si tu as de la chance, tu peux récolter de nouveaux fans.
Ida : Avec la tournée de Motörhead, on avait eu parfois des moshpits monstrueux déjà pour nous, c’est cool, mais tu n’arrêtes pas de penser dans ta tête que quelqu’un va se blesser (rires) !

Et voilà… Le côté féminin et maternel ressort (rires).
Nicki : Et c’est pire quand les gens pratiquent du stage diving. Tu as envie de te cacher les yeux en te disant : ‘ne regarde pas !’

- Mais il y a des avantages à être féminine, on t’offre parfois des fleurs ?

Ida : Oui, et des petites culottes.
Nicki : Oui, ça aussi.

- (Moment solennel quand nous avons offert la marmite de l’Escalade aux filles.) Je suis sûr qu’on ne vous a jamais offert autant de chocolat en une fois ! L’histoire de la marmite est que… (On vous passe les détails, à vous, vous la connaissez l’histoire, non ?)

Ida & Nicki : Merci ! Il faut qu’on montre ça aux autres ! On vous souhaite un bon concert ce soir !

Et voilà comment s’est terminée notre interview avec Crucified Barbara. Elles n’aiment peut-être pas trop quand on leur rappelle qu’elles sont des filles, mais bon, le chocolat, ça marche à tous les coups !

www.crucifiedbarbara.com

Suzy & Indy

Interview réalisée le 4 décembre 2009 à Erstfeld

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mis en ligne le : 09.06.10 par graber

INTERVIEW - Bonafide (2009)

Le mot ‘bonafide’ signifie ‘véritable’ ou ‘réel’. Le groupe suédois Bonafide est exactement cela : un véritable groupe de rock’n roll. Le genre qu’on aime bien, sans frasques, sans chichis, sans artifice. Depuis la sortie de ‘Something’s Dripping’, il tourne en boucle chez nous. Transit a profité de son passage au Transylvania Club à Erstfeld pour en savoir un peu plus. Rencontre des Indys avec Pontus Snibbs (chanteur et guitariste), Mikael Fassberg (guitare) et Micke Nilsson (bassiste).



- Je vais être très honnête, quand j’ai su ce soir que je pouvais faire une interview avec vous, j’étais très contente. J’adore votre album depuis que je l’ai découvert il y a trois semaines… C’est un mélange de tout ce que j’aime bien. Racontez-moi tout !

Mikael : Un mélange de tout ce qu’on aime. Ça fait deux ou trois ans qu’on existe maintenant.
Micke : Deux ans.
Pontus : On a fait ce style parce que j’adore ce genre de musique. J’ai également un projet solo où je fais de la musique un peu plus soft et je voulais faire quelque chose qui sonnait un peu plus hard. Micke et moi avons monté Bonafide. J’ai écrit des titres qui sonnaient un peu plus heavy que mon autre projet. C’est ce que j’aime jouer : un riff rock avec deux guitares. Mikael : C’est ce que je fais de mieux dans la vie, ma mission principale : jouer des riffs rock.
Pontus : Oui, mis à part élever tes enfants (rires).
Micke : Pontus et moi, on vient d’un milieu plus blues rock, et Mikael vient du hard rock traditionnel.

- Comment avez-vous décroché cette tournée ? J’ai eu la version des dames plus tôt (interview de Crucified Barbara dans ce mag), mais maintenant je veux la vôtre…

Pontus : Eh bien, je ne voulais pas me passer de Mia pendant cinq semaines (rires). Cette tournée est une bonne chose. Comme elle coïncide avec la sortie de notre album en Europe et comme on n’avait jamais joué en dehors de la Suède avec Bonafide, c’est une bonne occasion.
Micke : On voulait avoir un impact en Europe.
Mikael : On n’a jamais joué en dehors des pays nordiques, on a joué en Norvège et au Danemark mais pas plus loin. C’est une bonne chose pour nous.

- Et vous en êtes à combien de dates ?

Pontus : Douze sur dix-huit.
Mikael : Ça fait déjà trois semaines qu’on est sur la route.
Micke : Six shows et ensuite une journée de pause, et maintenant neuf et ensuite on a un show double en Allemagne, notre show et une première partie. Et on a aussi une autre date prévue en Suisse.
Mikael : On va en Italie demain et ensuite on remonte à Zurich au Rock City.

- Et la question qui tue : Pontus Snibbs, c’est ton nom de scène ?

Pontus : Non, c’est mon nom, le batteur (Sticky Bomb) a un nom de scène.
Micke : Il est son nom de scène (rires).

- Vous êtes contents de cette première tournée ?

Pontus : C’est vraiment fantastique, on a toutefois eu une mauvaise expérience en Italie.
Micke : Tout s’est bien passé, on a vendu beaucoup d’albums et les critiques sont positives.
Mikael : C’est un réel succès pour nous.
Pontus : Tout se passe comme prévu.

- Mia (Crucified Barbara) a joué sur votre album, et vous avez fait un album tribute, est-ce correct ?

Oui, un tribute à Nazareth.
Micke : Je jouais avec Manny Shulton, le guitariste original, et j’ai aussi joué avec Paul Di Anno.

C’est un sacré personnage ce Paul.
C’est peu dire (rires) !

Il m’a dit qu’il était le seul vrai punk que j’allais rencontrer.
Il parle beaucoup.
Pontus : Plein de mensonges.

- En parlant de mensonges, un mot sur votre premier titre, ‘Dirt Bound’…

C’est rock’n roll. Parfois, quand tu es fâché sur scène, au lieu de cogner sur quelqu’un, tu peux le faire ressortir dans tes textes et le chanter à tue-tête.

- Vous avez deux albums déjà, mais vous avez prévu de jouer combien de temps ce soir ?

Quarante-cinq minutes, et on fait pratiquement le même set tous les soirs.

- Et vous savez déjà où votre album se vend le mieux pour le moment ? En dehors de la Suède ?

En Allemagne, il se vend vraiment très bien, c’est ce que nous avons entendu. On a dû en renvoyer trois fois, la première fois on a expédié mille copies, alors on est très contents. En Suède, nous avons grimpé dans les charts.

- Nous avons appris grâce aux dames qu’en Suède vous avez un très bon service communautaire en ce qui concerne l’apprentissage des instruments de musique par les kids.

Il y a beaucoup de groupes et de compétition en Suède.

- Mis à part Bonafide, vous avez fait des choses auparavant ?

Oui, j’ai fait déjà sept albums solo, et je suis également batteur ; je joue de la guitare aussi mais pas en même temps (rires). On devrait essayer de jouer guitare et batterie en même temps, ça peut être différent (rires).
Micke : J’ai essayé de jouer de la basse une fois.

- Vous avez fait des tournées en Suède en première partie de groupes internationaux ?

Pontus : Deep Purple, Choirboys et Status Quo.

- Et il y a des groupes avec qui vous aimeriez vraiment jouer ?

Micke : Moi, j’aimerais bien jouer avec roara roara raora (rires).

Je ne sais pas si je le connais celui-là (rires) !
En fait, je n’en ai aucune idée. Il faudrait juste qu’ils soient bons mais qu’ils ne sonnent pas comme nous ; ils doivent être différents.
Pontus : On nous a demandé de faire des shows avec Airbourne.
Mikael : On serait deux groupes à faire le support.

- Ça serait vraiment bien ça ! Vous allez achever le public, vous et après Airbourne, wow ! Toute cette énergie !

Pontus : Je ne le voyais pas comme ça, mais pourquoi pas !

- Je crois que votre musique a vraiment quelque chose que beaucoup de personnes peuvent apprécier. Les vieux fans comme nous qui adorent AC/DC, Motörhead, reconnaissent ce genre de musique et les jeunes l’apprécient aussi parce que vous avez un son actuel et moderne.
Vous entendez en fait vos influences et ce que vous aimez bien.

On espère pouvoir revenir faire les festivals cet été et décrocher quelques premières parties. Mais pour revenir à Airbourne, on a joué le même jour au Sweden Rock festival et, lors du dernier morceau de notre set, je me suis rendu compte qu’il y avait Joel (frontman d’Airbourne) qui était sur la scène en train de nous regarder. On a sympathisé avec eux et ils nous ont mis sur leur guest list quand ils ont fait la première partie de Motörhead, alors on les a revus.
Micke : Motörhead est un groupe avec qui j’aimerais bien pouvoir jouer, c’est un des plus grands groupes au monde. Un très bon public pour nous.

- Quand vous aurez le même âge que Lemmy, vous jouerez toujours du rock’n’roll ?

Pontus : Oh oui, je l’espère.
Micke : Aujourd’hui comme je suis malade je crois que je suis plus vieux que Lemmy (rires).

- Et vous pensez quoi de Crucified Barbara ?

Pontus : Vraiment bien, c’est un groupe fantastique, elles assurent sur scène, soir après soir.

- Je ne sais pas si Suzy vous a déjà posé la question, mais comment ça se fait que Mia à joué sur votre album (Suzy : Indy n’a pas suivi ou pas écouté…)

En fait Mia et moi sommes en couple et j’ai écrit le titre pour elle. C’est aussi pourquoi c’est un titre style Motörhead : elle est très douée dans ce genre et le morceau est bien réussi.

- Honte à moi, je vais devoir mieux me renseigner la prochaine fois. J’aurais dû consulter Wikipedia. Suzy : Ils n'ont pas de page sur Wikipedia !
En effet, je ne saurais pas comment faire pour y accéder.

Micke : On va de toute façon refaire notre site web, et également notre MySpace, alors qui sait ? On aura peut-être un Wikipedia dans le futur.

- Et quels sont vos projets pour le restant de l’année ?

Pontus : Le dernier show de la tournée est chez nous à Malmö. On jouera dans la plus grande salle là-bas le 19 décembre. Après Noël, on va faire une vidéo et sortir un deuxième single de l’album, ‘Hard Living Man’, et il devrait sortir durant le premier trimestre 2010. Après, on va faire des dates en Espagne.

- Cette tournée vous aide à rencontrer des gens et amasser un nombre certain de contacts.

Mikael : Oui, ça nous permettra de refaire des tournées en Europe.

- Et Pontus, vous avez fait des albums solo dans le passé, ceci vous a également permis d’avoir plein de contacts, non ?

Pontus : Pas vraiment avec mes albums solo, mais je suis batteur d’un groupe américain Jason And The Scorchers et leur nouvel album sortira en février et une tournée suivra.

- Vous êtes bien occupés toute l’année dans différents projets musicaux..
.
Oui, c’est tout ce que je sais faire, je ne peux même pas conduire une voiture !

- J’aimerais parler de vos compos. N'est-ce pas difficile d’écrire dans un style où tout a déjà été fait. Ça ne t’est jamais arrivé d’avoir une impression de déjà-entendu et de te dire que tu as déjà écrit ce passage-là, ou de te dire que ça sonne comme un autre groupe ?

Si c’était le cas, je ne le laisserais pas passer. C’est peut-être quelque chose que j’ai entendu une fois, qui vient de mon subconscient et, si je l’écoute, je me dis ok, c’est qui déjà qui a écrit ça (rires) ?

- J’avoue qu’il y a un passage dans un titre qui m’a fait penser à un autre groupe nordique : White Flame.

Je n’ai jamais entendu parler de ce groupe, intéressant ! Mais tu sais, parfois c’est drôle de lire les chroniques, parce qu’on voit des phrases comme ‘ils ont écouté, ils sont fans de’, et parfois on n’a jamais entendu parler des groupes dont ils parlent. On est souvent comparés à Rhino Bucket, je ne les connais pas du tout.
Mikael : Je crois que ce style de rock’n roll n’a pas été joué pendant un bon moment, et maintenant il y a nous, Airbourne et, du coup, le style est sur le devant de la scène. On parle plus de ce style, il y a des milliers de groupes de metal et de hard rock qui font différents styles, et personne ne parlait de ça avant que Maiden revienne faire les têtes d’affiche des festivals. Quand un groupe sort un album, on ne peut s’empêcher de dire que ça sonne comme X ou Y.

Je crois qu’on va toujours faire cette comparaison, mais au moins les labels n’ont pas inventé un nouveau nom pour le style. Chaque fois qu'un groupe de death ou de hardcore perce, on invente un style, c’est du screamo-metalo-hardcore ou je ne sais pas quoi.
Pontus : Du pirate grind ! Tous les textes traitent de piraterie.

- J’ai une question à vous poser que j’ai aussi posée aux dames de Crucified Barbara. Avec tous ces vieux groupes qui vont faire la tête d’affiche des festivals cet été comme Twisted Sister, pensez-vous que vous aurez la possibilité d’arriver au sommet ? Et que pensez-vous du fait que les gens sont toujours prêts à débourser une centaine de francs pour aller voir un groupe de septuagénaires comme ZZ Top, mais qu'ils aiment moins sortir une vingtaine de francs pour voir un nouveau groupe, c’est étrange !

J’espère qu’on pourra arriver au sommet, on ne le ferait pas si on ne le pensait pas.
Mikael : On espère pouvoir jouer dans ce genre de festivals afin de pouvoir jouer devant le plus de personnes possible.

Beaucoup de ces groupes avaient splitté et sont revenus sur le devant de la scène. Ils ont vu que ça marchait pour un alors ils ont tous suivi. On a vu Alice In Chains, Carcass...
Pontus : Anvil (rires)…

Là, on parle le même langage : je peux sortir mon vieux blouson en jeans avec tous ses patches ; il sera toujours d’actualité !
Tu en as un !?!

Tous les groupes sont toujours là.
Mikael : Ils étaient juste en train d’hiberner, c’était un très long hiver.
Pontus : Moi aussi, j’ai une jaquette, je suis en train de la former, je la mets tous les soirs après le show.
Mikael : Comme ça, elle sera moins clean, moins propre.
Pontus : À propos de la question sur les vieux groupes, tu peux voir ceux qui sont là pour le fric, la majorité veut toujours jouer. Tu n'as qu’à regarder Dio. C’est un des meilleurs chanteurs.

- Indy : Tu n'as qu’à regarder Black Sabbath, tout le monde s’intéresse au groupe parce que Dio est là. Suzy : (chuchotant) Ça s’appelle Heaven & Hell maintenant !

(Rires) Oh, c’est un peu pareil, non ?

- Indy : Bon d’accord, mais si je pense à des icônes des eighties, je pense surtout à Twisted Sister…

- Suzy : Ils n’ont pas encore soixante ans, quoi que sous le maquillage, on ne sait jamais.

- Indy : Oui, mais Twister Sister, c’était le party band des eighties, et tu vois ce vieux de cinquante balais qui est en train de pousser les jeunes à faire la fête style eighties. Je trouve que c’est dommage, mais ça c’est mon opinion.
On les a rencontrés une fois, ils ont joué au Sweden Rock.

Je trouve que depuis les nineties, les groupes qui sont sortis du lot sont Korn et Slipknot.

- Tu penses qu’ils sont les plus grands du moment ?

Oui, je le pense, mais c’est mon opinion. En fait, Slipknot ont surtout fait parler d’eux parce que les gens les détestaient, mais quand un groupe est détesté, c’est que d'une certaine façon ils ont fait quelque chose de bien.
Ils remuent les émotions des gens.

- Et tu penses quoi de l’évolution d’Internet, est-ce bien pour un groupe comme Bonafide ?

Je trouve bien parce que ça te permet d’être visible sur la toile, de pouvoir savoir qui sont tes fans. Je ne sais pas comment faisaient les groupes dans les seventies, mais c’est sûr qu’à notre époque Internet est important.
Mikael : Je ne sais pas ce qu’on ferait sans.

- Et vous pensez quoi de la polémique sur le téléchargement ?

Pontus : C’est pas top ! Un téléchargement d’album sans le payer, c’est comme du vol, les groupes aujourd’hui vivent surtout des tournées et des ventes de merchandising. Mais si des gens ont téléchargé l’album et deviennent des fans, ils vont devoir débourser pour venir voir nos shows, alors là c’est intéressant, surtout s'ils achètent un T-shirt.
Mikael : Il y a le bon et le mauvais côté.

- Maintenant il y a tellement d’informations qui circulent sur le net qu’on ne sait plus ce qui est vrai ou faux. On connaît déjà la setlist, on n'a plus l’élément de surprise qu’on avait avant. Tout le monde veut tout et tout de suite. Donc je te repose la question : penses-tu que les jeunes ont les mêmes chances ?

Pontus : Vu comme ça, non !
Micke : Il n'y a plus la possibilité de devenir un super groupe.
Pontus : Les labels devront moins raquer qu’avant. Tu ne pourrais jamais devenir aussi connu, mais si tu veux travailler avec un super producteur, il faut de l’argent.
Mikael : Il faut beaucoup d’argent, ceci afin de garantir une super production avec un bon nom, il faut avoir une super pochette si tu veux frapper. À la fin, tu ne vas jamais récupérer ton investissement, tout est très cher aujourd’hui. Les groupes doivent mettre de leur poche, et si tu vends deux mille CDs, c’est bien, mais ce n'est souvent pas suffisant pour rembourser l’investissement.
Pontus : Ou tu dois persévérer plusieurs années avant de le récupérer, et on l’a vu et revu, avec un enregistrement à moindres frais on obtient un super son alors pourquoi débourser plus qu’on a. Aujourd’hui, tout le monde peut faire un disque. À l’époque, en faire un était vraiment un exploit. Maintenant, il en sort une centaine par semaine.

On vous souhaite tout de bon pour la suite, et on se réjouit de vous voir sur scène ce soir, et également sur la route très bientôt.
Tout le plaisir était pour nous !
Mikael : Merci à tous les deux, c’était sympa.

www.bonafiderocks.com

Suzy & Indy

Interview réalisée le 4 décembre 2009 à Erstfeld

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mis en ligne le : 08.06.10 par graber

INTERVIEW - Arcas (2010)

Arcas, groupe lyonnais créé en 2006 a choisi un style original : le metal folk progressif purement instrumental. Kevin, cofondateur et bassiste, a accepté de sortir de l’ombre pour nous en dire un peu plus sur la trajectoire du groupe et ses aspirations.



- Pour tous ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous résumer la naissance du groupe et son évolution à ce jour ?

Pour faire simple, Arcas fut fondé par Sacha et moi-même, il y a maintenant trois ans. Alors que nous commencions tous les deux à pratiquer nos instruments respectifs (guitare et basse), nous avons commencé rapidement à composer. Un premier EP de six titres nommé ‘The Golden Age’ a vu le jour pendant l’été 2007, dans un style heavy / speed metal. Cette première expérience nous encouragea à poursuivre nos efforts sur un projet plus ambitieux qui se concrétisa un an plus tard avec la sortie de notre premier album, autoproduit, de douze titres ‘A New Dawn’, dans un style plus progressif, épique et surtout instrumental. De là, quatre musiciens nous ont rejoints pour compléter et boucler le line-up avec lequel nous nous produisons actuellement sur scène.

- Pouvez-vous nous présenter votre musique et quelles en sont vos inspirations ?

Le style vers lequel nous nous sommes tournés est particulier, car nous n’avons pas de chant. Nos morceaux ont des structures qui se rapprochent du metal progressif, mais uniquement instrumental, ce qui nous permet d’aller plus loin dans nos compositions pour transmettre un maximum d’émotions, grâce notamment aux nombreuses mélodies jouées par différents instruments. Nos inspirations sont multiples, alliant tous les styles de metal à la musique classique, ainsi que les musiques traditionnelles et celtiques.

- Le choix de n’avoir que de l’instrumental était-il délibéré ?

Oui, bien sûr ! Nous avons décidé d’écarter les vocaux pour plusieurs raisons. Outre le fait qu’aucun de nous n’est chanteur, il est très difficile de trouver un bon frontman de metal en ce bas monde… Une partie vocale et des paroles limitent la perception des auditeurs à ce que les textes racontent. Avec Sacha, nous avons voulu créer une musique qui soit seule à nous parler, à nous transmettre des émotions et nous faire rêver. Chacun est alors libre d’imaginer et d’avoir sa propre projection de ce qu’il ressent en écoutant notre musique.

- Quelle est la genèse de l’album ‘A New Dawn’ ?

Nous avons composé l’album à deux, dans son intégralité, tout comme nous l’avons ensuite enregistré en home-studio. Nous nous accordons tout d’abord sur une structure et les émotions qu’on aimerait y faire passer. Après cette mise en place, nous cherchons des idées de mélodies et de rythmes pour construire notre morceau. Nous utilisons beaucoup le feeling et l’instinct, car rien n’est prévu à l’avance. Si on partait, par exemple, sur une même idée de base à six mois d’intervalle, les résultats seraient sûrement très différents, parce que nous n’avons et ne voulons pas avoir de schémas de composition prédéfinis… C’est ce qui fait la beauté de la chose, nous devenons imprévisibles dans nos créations musicales !

- Comment mesurez-vous aujourd’hui le succès de cet album ?

Il est vrai que nous avons reçu de nombreux compliments de la part de nos auditeurs et chroniqueurs, avec aussi beaucoup de messages d’encouragement, et nous tenons tous à les remercier ! Cet album est un premier essai, car même si nous savions où nous voulions aller, il était important de savoir comment les gens allaient réagir à notre musique. De telles critiques nous poussent à envisager de nouveaux projets, encore plus audacieux, mais toujours dans ce style musical !

- La scène est-elle un passage obligatoire ou au contraire une véritable envie ?

Venez nous voir sur scène et vous comprendrez très vite ! (rires) Nous avons une énorme volonté de jouer en live et c’est pour ça que les quatre autres membres du groupe nous ont rejoints, pour donner vie à nos morceaux et les partager à fond avec le public. Pour le moment, les gens sont très réceptifs à nos prestations et nous le montrent en criant, sautant et bougeant dans tous les sens, ce qui nous pousse à continuer à travailler et à nous investir dans tous nos concerts. On a aussi la capacité de donner pratiquement à chaque fois un spectacle différent, de par les mélanges d’ambiances, avec des moments très électriques et d’autres plutôt festifs tout en acoustique.

- Vous semblez être proches d’autres groupes locaux, existe-t-il une communauté de musiciens autour d’idées et d’intérêts communs ?

Il est en effet vrai que nous nous entendons parfaitement avec d’autres groupes de la région, qui sont même devenus pour certains des amis proches. Nous sommes tous un peu dans le même bateau et avons les mêmes passions, même si nous ne jouons pas toujours dans les mêmes styles de metal. Il est donc important de se serrer les coudes pour des organisations de concerts, des enregistrements et pour nous promouvoir au maximum. Il n’est pas non plus exclu que des projets communs prennent forme dans quelque temps (sourire)…

- Avec une musique inspirée et des projets qui ne semblent pas vous manquer, quelles sont vos ambitions ultimes ?

Merci pour le compliment. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un maximum de concerts. Ensuite pour le deuxième album, dont la composition avance bien, ce serait d’avoir de bonnes conditions d’enregistrement ainsi que la signature chez un label qui puisse nous promouvoir correctement. Alors, pourquoi pas envisager une tournée française, voire européenne - oui le rêve est bien là ! On en est encore très loin et conscients qu’il y a beaucoup de travail à fournir, mais on ne cache pas nos intentions de progresser et d’être connus même au-delà des frontières !
Pascal&Co

Interview réalisée par e-mail en février 2010

www.myspace.com/arcasband

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mis en ligne le : 08.06.10 par graber

CONCOURS - Concours actifs !!!

CONCOURS TRANSIT

Pour participer aux concours Transit, il vous suffit d'envoyer un e-mail à l'adresse concours@transitmag.ch avec la réponse en précisant votre nom et prénom ainsi que votre numéro de membre Transit si le concours est réservé aux membres.

ELECTRON RAGE (Dookoom, Algorithm, Protohype, Aïsha Devi, L-Za)
(ouvert à tous)
L'Usine, Genève
25.03.2016

Lot : une entrée (2 entrées en tout à gagner)
Question : avec quel groupe connu Isaac Mutant, tête pensante de Dookoom a-t'il collaboré ?
Résultats : 23.03.2016

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mis en ligne le : 26.05.10 par indy

FILM - essai film

Essai de la rubrique film

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mis en ligne le : 26.05.10 par indy

INTERVIEW - ELUVEITIE (2010)



Coïncidence du calendrier, Eluveitie était de passage à Pratteln, à l’occasion du Paganfest, le jour de la sortie de son quatrième album ‘Everything Remains As It Never Was’. Toujours aussi passionné par l’ancienne culture celte, Chrigel Glanzmann, chanteur du groupe, évoque sa nouvelle réalisation.



- Votre nouvel album ‘Everything Remains As It Never Was’ sort aujourd’hui, excité ?

Fatigué. Mais, bien sûr, je me réjouis !

- Qu’est-ce que vous attendiez en jouant pour la sortie de votre album au Z7 ?

On se réjouissait de jouer les nouveaux morceaux devant un public que nous connaissons et qui allait les apprécier, on espère !

- Est-ce que tu peux nous parler du concept de ce nouvel album ?

Il consiste simplement en une collection d’histoires de la Gaule ancienne. La principale chose qu’on essaie de faire, en écrivant les paroles des morceaux, c’est de vraiment se concentrer sur les aspects humains ou émotionnels des événements historiques. Parce que quand tu travailles sur une base historique, tu as simplement les faits purs et durs. Par exemple, cette guerre s’est passée comme ça, de telle manière, ensuite il y a eu tel événement, point. Mais je pense que ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce sont des personnes comme toi et moi qui ont vécu cet événement historique. Ce sont ces gens qui vivaient l’histoire à cette époque. C’est sur quoi nous voulions nous concentrer en écrivant l’album.

- Il me semble que ce concept était également présent dans vos précédents albums ?

Oui… Bien sûr, Eluveitie s’inspire de la culture celte et gauloise ; c’est le caractère principal de notre groupe. Nos albums traitent forcément un aspect ou un autre de ce sujet. Mais nos derniers albums se concentraient plus sur des choses ‘metalliques’, mais sur cet album c’est principalement des événements historiques et des histoires de la Gaule ancienne.

- Quelques mots d’explication sur le titre ?

L’idée derrière le titre est le fait que je pense que c’est important de garder à l’esprit qu’on compose avec l’histoire. Le fait est que personne n’est vraiment capable de savoir exactement comment les choses étaient, comment les choses se passaient à l’époque. Bien sûr, nous devons remercier la science, car grâce à elle, nous avons des informations sur les anciennes cultures, comme l’exemple des Celtes. C’est possible d’apprendre d’une ancienne culture mais ce n’est simplement pas possible de savoir exactement comment les choses étaient à l’époque parce que personne de nos jours n’a vécu en ce temps, deux mille ans auparavant. Personne ne sait comment était la vie, les idées et ce que pensaient les gens à l’époque. C’est toujours une sorte d’estimation. Et je pense que c’est très important de le garder à l’esprit quand on parle d’histoire. C’était l’attitude et la réflexion que nous avions quand nous traitions de discussions historiques en travaillant sur ce nouvel album. C’est ce que le titre de l’album exprime.

- Cet album est plus émotionnel, plus épique et folk que simplement metal, j’ai raison ?

Merci beaucoup ! C’est vraiment cool que tu penses que cela sonne comme ça. Personnellement, je suis totalement d’accord avec cette idée. Je pense qu’il est un peu plus dur, qu’il est plus sincère, et probablement souvent plus mélancolique ou un peu plus sombre et il y a sans aucun doute beaucoup d’émotions. Les miennes probablement. Et certes, les paroles sont tirées de textes historiques, mais il y a tout de même une implication émotionnelle.

- C’est aussi un album qui donne une impression cinématographique, est-ce que tu as déjà pensé à faire la musique d’un film ?

(Rires) Nous n’avons jamais eu la possibilité de faire quelque chose comme ça, mais bien sûr, ça serait vraiment cool à faire. Personnellement j’adorerais faire ça un jour.

- Après ‘Evocation I – The Arcane Dominion’, tes fans étaient un peu perturbés, est-ce que cet album va les rassurer ?

Heu… Pour être honnête, ça ne nous préoccupe pas autant que ça. Bien sûr, nous savions que c’était peut-être un peu étrange de sortir un album complètement acoustique. Mais c’était une idée que nous avions en tête depuis un long moment, nous voulions vraiment essayer un jour de composer et jouer des choses purement acoustiques, c’était une sorte de challenge. Donc oui, nous étions conscients que cela pouvait sembler étrange. Mais je pense qu’on devrait suivre nos propres envies et ne pas fondamentalement se soucier de certaines attentes. On s’est donc dit que oui, nous devrions faire cet album acoustique, car nous en avions vraiment envie.

- Vous avez également sorti un DVD ?

Tu parles de la partie DVD de cet album ? Oui, il y a une introduction à l’histoire des Celtes qui inclut aussi un bonus track et un DVD bonus. Le DVD contient la vidéo du making of. En plus, il montre un assez large reportage vidéo, où tu peux voir comment on a enregistré l’album et qui inclut des interviews des membres du groupe. En outre, nous avons fait une sorte de clip qui montre de plus près le travail effectué sur les paroles de l’album. Nous avons invité un scientifique, un professeur qui enseigne l’histoire celte à l’université. Vous pourrez nous voir sur ce DVD discuter avec lui de tous ces faits historiques qui ont inspiré nos textes. Pour les personnes qui sont intéressées par cette période de l’histoire, cela devrait être assez intéressant.

- Qu’est-ce que ce spécialiste pense de votre musique ?

Je ne sais pas… Je ne sais pas s’il l’a écoutée en fait. Nous n’avons pas parlé de ça, mais je ne pense pas que ça lui plairait (rires).

- À propos de vos projets : vous allez faire une tournée aux États-Unis et au Canada, comment exportez-vous l’ancienne culture helvète ? Comment est-elle reçue ?

Spécialement aux États-Unis, on s’en sort très, très bien. Je ne sais pas pourquoi, mais en fait, on s’en sort même mieux qu’en Europe. Donc bien sûr, on a été très bien reçus.

- Vous êtes également allés jouer en Inde la semaine dernière, est-ce qu’on peut parler d’un choc culturel ?

Oui, on est revenus la semaine passée ! C’était en quelque sorte un choc culturel, c’était fou, insensé. Insensé dans le bon sens du terme. Les gens devenaient vraiment fous sur notre musique, c’était vraiment flippant. Mais en fait c’était super, vraiment génial ! C’était tellement plus que ce qu’on pouvait espérer. Ça a été comme une sorte de choc pour nous. Un choc positif, bien sûr.

- Qu’est-ce que tu penses de cette popularité grandissante des groupes de pagan metal ?

Vraiment, je m’en fous ! Je veux dire, pour être honnête, dans le groupe, nous ne nous considérons même pas tellement comme un groupe de pagan metal ou quoi que ce soit. Bien sûr, on fait partie de la scène mais en gros, on fait juste notre truc qui consiste en jouer de la musique que nous aimons personnellement et on ne se préoccupe pas beaucoup du reste. Bien sûr, cette popularité du pagan metal est cool d’une certaine manière. Et bien sûr que c’est bénéfique pour nous, pour le groupe. C’est vraiment positif et nous en sommes reconnaissants. Mais d’un autre côté, on ne se préoccupe pas tant que ça de cette popularité. En fait, on fait notre truc dans une période où cette musique est devenue populaire mais notre musique ne serait pas différente si ce style n’était pas apprécié.

- On a eu une interview en avril 2008 où tu m’avais dit que tu ne pouvais pas vivre que de la musique, est-ce que tu le peux maintenant ?

Oui, maintenant je le peux. C’est dur de dire oui, on gagne notre vie avec le groupe mais ce qu’on gagne, c’est essentiellement de quoi payer le loyer et pas grand-chose de plus. Personne ne peut se permettre de louer un bon appartement, on n’a pas de voiture, on ne part pas en vacances, on a juste assez d’argent pour payer notre loyer et acheter un peu de nourriture et c’est tout. Mais on peut encore mieux se concentrer sur la musique.

- Si tu avais une machine à remonter le temps, tu resterais en 2010, ou est-ce que tu déménagerais dans le passé ?

Heu… Je ne sais pas… J’aurais probablement voyagé dans le passé, mais je pense que c’est toujours la même chose, ce qui est arrivé autrefois est ce qui fait ce que nous sommes aujourd’hui. C’est la même chose pour le futur, ce dont nous faisons l’expérience aujourd’hui c’est ce qui ‘fera’ les gens l’année prochaine. Donc ce qui est intéressant, c’est maintenant, ce moment précis, et on verra ce que le futur nous apporte.

http://www.eluveitie.ch

Diane

Entretien téléphonique réalisé le 19 février 2010

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mis en ligne le : 21.05.10 par indy

INTERVIEW - Bruce Kulick (2010)

Bruce Kulick n’est pas resté inactif depuis son départ (forcé) de Kiss en 1996. Le guitariste hyperactif vient de signer son meilleur album solo à ce jour, ‘BK3’. Un son de tueur, des compos super bien ficelées et un casting de folie. Des raisons en or pour nous entretenir avec le maestro.



- Bruce, ton troisième album solo ‘BK3’ aborde un grand nombre de styles. Était-ce un choix conscient ?

Ce type d’approche m’a toujours intéressé. Déjà à l’époque de ‘Revenge’ (1992), j’abordais de nombreux styles. À vrai dire, je n’ai rien calculé. Mon jeu de guitare est ainsi. Et puis le fait d’avoir invité autant de personnes (comme Nick et Gene Simmons, Tobias Sammet, John Corabi, Steve Lukather…) a contribué à cette diversité.

- Je suppose que retravailler avec Gene Simmons a été un grand moment d’émotion…

Absolument. Nous avons vraiment passé un bon moment. La séance studio a été filmée dans le cadre du ‘Gene Simmons Family Jewels’ (NdR : un reality show à la ‘The Osbournes’ qui met en scène Gene et sa famille). Les paroles du morceau ‘Ain’t Gonna Die’ ont été composées spontanément en studio. Tout a été mis en boîte rapidement.

- Nick, le fils de Gene a aussi apporté sa contribution sur le morceau ‘Hand Of The King’. Possède-t-il le même talent que son père ?

Nick est très talentueux mais sous d’autres aspects. Je pense qu’il possède une super voix, mais plus bluesy. C’est marrant, mais Gene a grandi avec Led Zeppelin, Hendrix, Cream et les Beatles. Nick semble intéressé par des formations encore plus anciennes qui ont influencé Led Zep et compagnie. Et puis je ne pense pas que Nick ait le même sens des affaires que son papa (rires). Il n’est pas aussi avide, si tu vois ce que je veux dire…

- C’est vraiment bizarre car un album solo est censé être très personnel, mais avec autant de guests, cela paraît difficile…

(Sourire) Cela peut paraître paradoxal mais cet album est très personnel car je l’ai composé et arrangé de A à Z. Regarde Carlos Santana qui ne cesse d’inviter des musiciens sur ses albums. Ses morceaux portent quand même sa griffe. Le fait d’inviter plusieurs personnes ne dénature pas mon travail. Au contraire, je suis persuadé que le talent de chacun a contribué à rendre mes compositions encore plus solides.

- Au début de ta carrière, tu as travaillé avec un artiste solo, Michael Bolton, qui invitait également des tas de gens sur ses albums. Est-ce qu’il t’a influencé sur ce point ?

Oui, mais au même titre que tous les projets dans lesquels je me suis impliqué, Meat Loaf, Black Jack, Kiss… Ce que j’ai pu retirer de ces expériences est cette capacité à savoir déléguer aux bonnes personnes. Je suis certain de mes capacités de compositeur et de producteur, mais je ne vais pas chanter des chansons qui ne collent pas avec ma voix. La finalité est quand même de délivrer le meilleur album possible. Comme diraient les Beatles : ‘With a little help from my friends’... (rires)

- Depuis l’album de Kiss ‘Carnival Of Souls’, on sent que ton jeu de guitare est influencé par des styles plus modernes et plus ‘dark’ comme Alice In Chains ou Soundgarden. Comment vois-tu les choses ?

Je suis d’accord, ‘Carnival Of Soul’, le dernier album de Kiss sur lequel j’ai joué, possédait un feeling plus sombre et je ne nie pas l’influence qu’Alice In Chains a pu avoir sur mon jeu. Mais encore une fois, je reste très versatile. Je suis aussi capable de pondre de superbes solos acoustiques comme sur la ballade ‘Forever’. Je sais donner à chaque morceau ce dont il a besoin.

- En 1996, est-ce que tu pressentais ce qui allait se passer, le retour du line-up original de Kiss et ton renvoi pur et simple ?

Lorsque j’ai fait le MTV Unplugged, je savais qu’Ace Frehley et Peter Criss étaient invités. Cela ne m’étonnait pas plus que ça car cette émission était un événement en soi. Le groupe fêtait ses vingt ans. Je comprenais que la soirée devait être spéciale. Mais je ne savais absolument pas qu’une tournée de reformation se profilait à l’horizon. Mais je pense qu’ils l’ont fait exactement au bon moment.

- Ne t’es-tu pas senti trahi ?

J’ai été blessé bien sûr, mais il ne faut pas oublier que c’est du business avant tout. Avec le retour du line-up original, le groupe a généré quarante millions de dollars. Un an auparavant, lorsque je faisais partie de Kiss, le groupe ne générait que quatre millions. Le calcul est vite fait. Dans cette histoire, mon talent et mes capacités en tant que guitariste n’ont jamais été remis en question. Quelque part, cela me rassure.

- Est-ce que Gene et Paul te considèrent toujours comme un membre de la famille Kiss ?

Oh oui, sans aucun doute. Je suis toujours le bienvenu en backstage, où je veux, quand je veux. Je ne pense pas que Gene aurait accepté de chanter sur mon album s’il n’avait pas de la considération pour moi. Je joue également pas mal avec Eric Singer (dans ESP), quant à Tommy Thayer, il est un excellent ami.

- Est-ce que tu t’imagines un instant dans la peau du personnage du ‘Spaceman’ ?

Non, j’ai été guitariste de Kiss pendant douze ans, mais je n’ai jamais voulu me substituer à Ace. J’ai toujours été clair sur ce point. Tout ce cirque avec le maquillage n’est pas pour moi. Si un jour ils avaient le cran de me proposer une tournée dans le trip de ‘Revenge’, j’aurais ma place parmi eux. Mais je n’attends pas après. Je ne suis pas du genre à rester chez moi à attendre que le téléphone sonne.

- Quelles relations entretiens-tu avec ton frère Bob ?
Nous travaillons énormément ensemble, ne serait-ce que sur de nombreux albums tribute dont il est le producteur. Nous sommes très proches.

- Quelle satisfaction tires-tu de ces participations à des albums hommage ?

Le plaisir de jouer pour le fun dans un environnement propice avec un max d’équipement. C’est Bob qui se charge de la distribution des rôles. Il choisit le track listing et évalue quel musicien de l’équipe a le jeu le plus adapté. Mais il lui arrive de ne trouver personne pour assurer un morceau. Alors, il se tourne systématiquement vers moi en me disant : ‘Tu me feras ça. Prends-le comme un challenge’. En dehors de l’aspect musical, ce type d’expérience renforce notre relation.

- Tu as récemment sorti une vidéo éducative avec Bob. Quel message veux-tu faire passer à la nouvelle génération ?

Tu fais référence au DVD ‘Kiss Forever’… J’y présente les morceaux de Kiss auxquels j’ai participé. Je montre en détail comment je les joue, comment j’obtiens tel son avec quelle pédale… J’adore enseigner. C’était d’ailleurs mon activité principale avant que la musique ne prenne tout mon temps. Ce DVD m’a permis de retrouver de vieilles sensations…

- Bob a joué à maintes reprises sur des albums de Kiss (entre autres les quatre inédits de la compilation ‘Killers’ de 1982). Mais il n’a jamais été crédité. Pourquoi Kiss ne mentionne jamais ses invités ?

C’est une attitude que je peux comprendre. Kiss doit être considéré comme une entité composée de quatre personnes, même si le groupe reçoit une aide extérieure. Il est arrivé la même chose aux Beatles. Effectivement, mon frère a souvent remplacé Ace au pied levé lorsque celui-ci se montrait incapable d’assurer. Je ne sais pas si j’aurais été capable de jouer les remplaçants de l’ombre, mais Bob a accepté cet état de fait et il a pris sur lui. Tu sais, l’histoire entre Kiss et Bob ne date pas d’hier. Mon frère a auditionné pour le groupe le même jour qu’Ace, en 1973 !

- Te souviens-tu de ton arrivée dans Kiss ?

Bien sûr, comme tu peux t’en douter, j’ai été recommandé par Bob. Gene et Paul l’auraient bien pris pour remplacer Vinnie Vincent en 1984, mais il était bien trop connu en tant qu’artiste de session, et puis surtout en tant que chauve. Il fallait trouver du sans neuf. C’est là où j’ai saisi ma chance. Au début, je pensais que ce n’était que pour un remplacement de deux mois, le temps que Marc St John se remette de ses problèmes aux mains. Jamais je n’aurais pensé que cela durerait douze ans !

- Tu joues depuis neuf ans avec une autre légende, Grandfunk Railroad. Ne rêves-tu pas d’enregistrer un vrai album studio avec eux ?

Nous avons déjà inclus de nouvelles compos dans notre setlist et ces morceaux figurent sur des DVDs officiels. Mais si un nouvel album est envisagé, ils savent qu’ils peuvent compter sur moi. Je suis déjà heureux de partager la scène avec de tels musiciens, sans compter que le public devient dingue à chaque prestation. Je suis vraiment comblé.

- Est-ce que tu comptes tourner pour la promo de ‘BK3’ ?

Ce n’est pas prévu. Monter un groupe de scène est un peu compliqué en ce moment. Par contre je suis en train de conclure quelques contrats avec de grandes marques de matériel comme ESP et Marshall afin de me produire en ‘clinics’. De plus, Grandfunk me prend énormément de temps. La seule chance que vous aurez d’écouter quelques morceaux de ‘BK3’ en live serait de retourner avec le ‘Eric Singer Project’. Peut-être un jour ?

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Laurent Divergent

Entretien téléphonique réalisé le 21 janvier 2010

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mis en ligne le : 16.05.10 par indy

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