INTERVIEW - ELUVEITIE (2010)



Coïncidence du calendrier, Eluveitie était de passage à Pratteln, à l’occasion du Paganfest, le jour de la sortie de son quatrième album ‘Everything Remains As It Never Was’. Toujours aussi passionné par l’ancienne culture celte, Chrigel Glanzmann, chanteur du groupe, évoque sa nouvelle réalisation.



- Votre nouvel album ‘Everything Remains As It Never Was’ sort aujourd’hui, excité ?

Fatigué. Mais, bien sûr, je me réjouis !

- Qu’est-ce que vous attendiez en jouant pour la sortie de votre album au Z7 ?

On se réjouissait de jouer les nouveaux morceaux devant un public que nous connaissons et qui allait les apprécier, on espère !

- Est-ce que tu peux nous parler du concept de ce nouvel album ?

Il consiste simplement en une collection d’histoires de la Gaule ancienne. La principale chose qu’on essaie de faire, en écrivant les paroles des morceaux, c’est de vraiment se concentrer sur les aspects humains ou émotionnels des événements historiques. Parce que quand tu travailles sur une base historique, tu as simplement les faits purs et durs. Par exemple, cette guerre s’est passée comme ça, de telle manière, ensuite il y a eu tel événement, point. Mais je pense que ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce sont des personnes comme toi et moi qui ont vécu cet événement historique. Ce sont ces gens qui vivaient l’histoire à cette époque. C’est sur quoi nous voulions nous concentrer en écrivant l’album.

- Il me semble que ce concept était également présent dans vos précédents albums ?

Oui… Bien sûr, Eluveitie s’inspire de la culture celte et gauloise ; c’est le caractère principal de notre groupe. Nos albums traitent forcément un aspect ou un autre de ce sujet. Mais nos derniers albums se concentraient plus sur des choses ‘metalliques’, mais sur cet album c’est principalement des événements historiques et des histoires de la Gaule ancienne.

- Quelques mots d’explication sur le titre ?

L’idée derrière le titre est le fait que je pense que c’est important de garder à l’esprit qu’on compose avec l’histoire. Le fait est que personne n’est vraiment capable de savoir exactement comment les choses étaient, comment les choses se passaient à l’époque. Bien sûr, nous devons remercier la science, car grâce à elle, nous avons des informations sur les anciennes cultures, comme l’exemple des Celtes. C’est possible d’apprendre d’une ancienne culture mais ce n’est simplement pas possible de savoir exactement comment les choses étaient à l’époque parce que personne de nos jours n’a vécu en ce temps, deux mille ans auparavant. Personne ne sait comment était la vie, les idées et ce que pensaient les gens à l’époque. C’est toujours une sorte d’estimation. Et je pense que c’est très important de le garder à l’esprit quand on parle d’histoire. C’était l’attitude et la réflexion que nous avions quand nous traitions de discussions historiques en travaillant sur ce nouvel album. C’est ce que le titre de l’album exprime.

- Cet album est plus émotionnel, plus épique et folk que simplement metal, j’ai raison ?

Merci beaucoup ! C’est vraiment cool que tu penses que cela sonne comme ça. Personnellement, je suis totalement d’accord avec cette idée. Je pense qu’il est un peu plus dur, qu’il est plus sincère, et probablement souvent plus mélancolique ou un peu plus sombre et il y a sans aucun doute beaucoup d’émotions. Les miennes probablement. Et certes, les paroles sont tirées de textes historiques, mais il y a tout de même une implication émotionnelle.

- C’est aussi un album qui donne une impression cinématographique, est-ce que tu as déjà pensé à faire la musique d’un film ?

(Rires) Nous n’avons jamais eu la possibilité de faire quelque chose comme ça, mais bien sûr, ça serait vraiment cool à faire. Personnellement j’adorerais faire ça un jour.

- Après ‘Evocation I – The Arcane Dominion’, tes fans étaient un peu perturbés, est-ce que cet album va les rassurer ?

Heu… Pour être honnête, ça ne nous préoccupe pas autant que ça. Bien sûr, nous savions que c’était peut-être un peu étrange de sortir un album complètement acoustique. Mais c’était une idée que nous avions en tête depuis un long moment, nous voulions vraiment essayer un jour de composer et jouer des choses purement acoustiques, c’était une sorte de challenge. Donc oui, nous étions conscients que cela pouvait sembler étrange. Mais je pense qu’on devrait suivre nos propres envies et ne pas fondamentalement se soucier de certaines attentes. On s’est donc dit que oui, nous devrions faire cet album acoustique, car nous en avions vraiment envie.

- Vous avez également sorti un DVD ?

Tu parles de la partie DVD de cet album ? Oui, il y a une introduction à l’histoire des Celtes qui inclut aussi un bonus track et un DVD bonus. Le DVD contient la vidéo du making of. En plus, il montre un assez large reportage vidéo, où tu peux voir comment on a enregistré l’album et qui inclut des interviews des membres du groupe. En outre, nous avons fait une sorte de clip qui montre de plus près le travail effectué sur les paroles de l’album. Nous avons invité un scientifique, un professeur qui enseigne l’histoire celte à l’université. Vous pourrez nous voir sur ce DVD discuter avec lui de tous ces faits historiques qui ont inspiré nos textes. Pour les personnes qui sont intéressées par cette période de l’histoire, cela devrait être assez intéressant.

- Qu’est-ce que ce spécialiste pense de votre musique ?

Je ne sais pas… Je ne sais pas s’il l’a écoutée en fait. Nous n’avons pas parlé de ça, mais je ne pense pas que ça lui plairait (rires).

- À propos de vos projets : vous allez faire une tournée aux États-Unis et au Canada, comment exportez-vous l’ancienne culture helvète ? Comment est-elle reçue ?

Spécialement aux États-Unis, on s’en sort très, très bien. Je ne sais pas pourquoi, mais en fait, on s’en sort même mieux qu’en Europe. Donc bien sûr, on a été très bien reçus.

- Vous êtes également allés jouer en Inde la semaine dernière, est-ce qu’on peut parler d’un choc culturel ?

Oui, on est revenus la semaine passée ! C’était en quelque sorte un choc culturel, c’était fou, insensé. Insensé dans le bon sens du terme. Les gens devenaient vraiment fous sur notre musique, c’était vraiment flippant. Mais en fait c’était super, vraiment génial ! C’était tellement plus que ce qu’on pouvait espérer. Ça a été comme une sorte de choc pour nous. Un choc positif, bien sûr.

- Qu’est-ce que tu penses de cette popularité grandissante des groupes de pagan metal ?

Vraiment, je m’en fous ! Je veux dire, pour être honnête, dans le groupe, nous ne nous considérons même pas tellement comme un groupe de pagan metal ou quoi que ce soit. Bien sûr, on fait partie de la scène mais en gros, on fait juste notre truc qui consiste en jouer de la musique que nous aimons personnellement et on ne se préoccupe pas beaucoup du reste. Bien sûr, cette popularité du pagan metal est cool d’une certaine manière. Et bien sûr que c’est bénéfique pour nous, pour le groupe. C’est vraiment positif et nous en sommes reconnaissants. Mais d’un autre côté, on ne se préoccupe pas tant que ça de cette popularité. En fait, on fait notre truc dans une période où cette musique est devenue populaire mais notre musique ne serait pas différente si ce style n’était pas apprécié.

- On a eu une interview en avril 2008 où tu m’avais dit que tu ne pouvais pas vivre que de la musique, est-ce que tu le peux maintenant ?

Oui, maintenant je le peux. C’est dur de dire oui, on gagne notre vie avec le groupe mais ce qu’on gagne, c’est essentiellement de quoi payer le loyer et pas grand-chose de plus. Personne ne peut se permettre de louer un bon appartement, on n’a pas de voiture, on ne part pas en vacances, on a juste assez d’argent pour payer notre loyer et acheter un peu de nourriture et c’est tout. Mais on peut encore mieux se concentrer sur la musique.

- Si tu avais une machine à remonter le temps, tu resterais en 2010, ou est-ce que tu déménagerais dans le passé ?

Heu… Je ne sais pas… J’aurais probablement voyagé dans le passé, mais je pense que c’est toujours la même chose, ce qui est arrivé autrefois est ce qui fait ce que nous sommes aujourd’hui. C’est la même chose pour le futur, ce dont nous faisons l’expérience aujourd’hui c’est ce qui ‘fera’ les gens l’année prochaine. Donc ce qui est intéressant, c’est maintenant, ce moment précis, et on verra ce que le futur nous apporte.

http://www.eluveitie.ch

Diane

Entretien téléphonique réalisé le 19 février 2010

mis en ligne le : 21.05.10 par indy

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