INTERVIEW - Dark Tranquillity (2009)

Point de sapin ni de petits chanteurs de Noël ! Dark Tranquillity passe les fêtes de fin d’année sur la route, en compagnie d’Heaven Shall Burn et Caliban. Les Suédois promettent malgré tout quelques jolis cadeaux à leurs fans : le somptueux DVD ‘Where Death Is Most Alive’ à peine dans les bacs, le groupe annonce déjà la venue de son neuvième album, ‘We Are The Void’. Niklas Sundin (guitare) vous souhaite un joyeux No Hell !



- Salut Niklas ! Qu’as-tu reçu à Noël ?

Pas grand-chose, en fait. Je ne suis pas très fan des grandes fêtes. Avec ma femme, on a décidé de s’offrir des cadeaux symboliques. J’ai reçu trois paires de chaussettes, un de ces trucs qui ressemble à un pistolet et avec lequel tu peux allumer des chandelles, et… c’est tout, je pense (rires).

- Tu n’as même pas reçu une boîte de Lego, pour un nouveau clip de Dark Tranquillity (la vidéo illustrant ‘Terminus’ est réalisée à partir de personnages en Lego) ?

(Rires) Non, on doit les acheter nous-mêmes. L’industrie du disque va tellement mal, tu sais !

- Comment se passe cette tournée ?

Très bien. On ne fait que six shows et celui de Pratteln est le cinquième. Martin Brändström, notre claviériste, était malade au début et il n’a pas pu participer aux deux premières soirées. Il nous a rejoints sur la troisième date. C’est assez étrange de tourner entre Noël et Nouvel An. Pour nous, le but de ces dates est de présenter Dark Tranquillity à un nouveau public et on voit effectivement des gens différents de ceux qui viennent habituellement nous voir. Ils ne s’habillent pas la même chose, n’ont pas le même âge… Mais le retour est très bon, d’une manière générale.

- Les membres d’Heaven Shall Burn ont toujours clamé haut et fort que Dark Tranquillity faisait partie de leurs principales influences. Vous voir ouvrir pour eux peut paraître étrange, un peu comme si Maiden ouvrait pour vous…

(Rires) Non, je ne pense pas. C’est un bon groupe et nous n’avons pas forcément ce sentiment de prestige. Lorsque tu t’engages dans une tournée, tu dois faire preuve de pragmatisme. Tout repose sur les ventes d’albums et la popularité. Heaven Shall Burn a plus de succès que nous en Allemagne, alors pourquoi devrions-nous nous sentir embarrassés à l’idée d’ouvrir pour eux ? On est heureux d’être là. Qu’on ouvre pour un groupe qui existe depuis dix ans ou seulement une année n’a pas d’importance…

- Vous venez de terminer le mix de votre nouvel album, ‘We Are The Void’. Durant l’enregistrement, vous avez posté plusieurs vidéos montrant votre travail en studio. Était-il important pour vous de partager ce processus avec vos fans ?

Pour être honnête, on n’est pas spécialement branchés par ce genre de trucs. On est déjà bien assez nerveux et stressés en studio, sans ajouter cette pression supplémentaire. Mais Anders Björler d’At The Gates et The Haunted nous a proposé de tout filmer et de monter les images. On n’avait rien à faire sinon accorder quelques brèves interviews. Pour nous, l’enregistrement d’un album n’est rien de nouveau mais nous avons réalisé que pour de nombreuses personnes, voir comment les choses se passent en studio peut être très intéressant.

- Tu dis te sentir très nerveux en studio. Le fait d’enregistrer chez Daniel Antonsson (basse) et Martin Henriksson (guitare) a-t-il simplifié les choses ?

Oui. Le problème d’un studio ‘extérieur’ est que tu le réserves pour un certain temps et quoi que tu fasses, tu entends l’horloge tourner. Avec le dernier album, on a passé les deux dernières semaines à mixer les titres, bossant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Avec le risque de prendre les mauvaises décisions. Cette fois, nous voulions être certains de pouvoir nous relaxer. Cela ne nous a pas empêchés de rester concentrés et de travailler énormément…

- Dans l’une des vidéos, Martin Henriksson affirme qu’il est bien plus simple pour vous d’enregistrer seul devant votre ordi. Ça ne vous manque pas d’avoir une oreille extérieure ?

Non, c’est comme ça qu’on travaille le mieux. On n’aime pas avoir des gars dans les parages qui écoutent ce qu’on fait. Enregistrer des guitares est un boulot fastidieux et tu dois rester concentré à cent pour cent. Je me souviens de l’enregistrement des premiers albums. Tout le monde était en studio, à me regarder jouer… Je préfère largement être seul. Bien sûr, on écoute le résultat final tous ensemble et la plupart du temps, Martin et moi sommes tous deux présents pour les enregistrements.

- Depuis la sortie de ‘Fiction’, Dark Tranquillity a connu un petit changement de personnel avec l’arrivée de Daniel à la basse. Ce dernier a-t-il participé activement à la réalisation de ‘We Are The Void’ ?

Oui. Notre manière de composer est très démocratique et tout le monde peut amener ses idées, ses riffs. L’arrivée de Daniel a amené une nouvelle énergie. Michael Niklasson était au bout du rouleau. Il ne s’amusait plus en tournée ; être dans un groupe de ce niveau ne le motivait plus.

- À ce jour, un seul extrait de ‘We Are The Void’ a été rendu public, ‘Dream Oblivion’. Est-il représentatif de l’album ?

Pas vraiment. ‘We Are The Void’ est très varié. Le titre que tu mentionnes est en fait assez différent de l’ensemble. Il s’agit d’une chanson écrite par Daniel. Ceci explique sans doute cela. Il n’y a pas d’autre titre qui sonne de manière similaire sur l’album. Mais c’est aussi vrai pour d’autres chansons de ‘We Are The Void’. ‘Dream Oblivion’ contient pas mal de claviers. À l’inverse, ‘Shadow In Our Blood’, pour lequel nous avons tourné un clip en contient globalement très peu. Quel que soit le titre choisi pour la promo, il n’aurait sans doute pas été représentatif de tout l’album mais ‘Dream Oblivion’ est un bon avant-goût.

- On a reproché à ‘Fiction’ d’être musicalement trop proche de ‘Character’. La diversité de ‘We Are The Void’ est-elle une sorte de réaction à ces critiques ?

C’est dur à dire. Chacun se fait sa propre opinion. Pour certains, ‘Fiction’ était trop similaire, pour d’autres, trop différent… Chaque album est la combinaison de ce que nous voulons faire à un moment donné. Je reconnais volontiers que le nouvel album est très différent, plus organique. C’est une sorte de nouveau chapitre qui s’ouvre. Mais est-ce que le son de ‘Fiction’ nous a poussés dans cette direction ? Je ne pense pas…

- Quel message dissimule le titre ‘We Are Void’ ?

Ce serait plutôt à Mike (Stanne, chant) de te répondre. Je crois que cette fois, il voulait avoir des textes qui se concentrent sur la mort. Nous avions toujours évité ce genre de thèmes par le passé car ils font assez cliché pour un groupe dans notre genre musical. Je n’en ai pas vraiment parlé avec Mike mais d’une manière assez basique, le titre représente le passage de la vie à la mort. Il n’y a pas d’au-delà, pas de voyage dans une autre dimension, juste le vide. Tu vis, tu meurs ; les molécules s’assemblent et se séparent. C’est une vision très nihiliste du monde. Mais ce n’est que mon interprétation. Mike aurait sans doute d’autres choses à dire.

- Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas toi qui t’es chargé de la pochette de l’album…

L’artwork devait être livré alors que nous étions en plein enregistrement. Dans la mesure où j’étais pas mal impliqué musicalement dans ‘We Are The Void’, je me suis rendu compte que je n’arriverais sans doute pas à faire les deux sans bâcler le travail. Mike s’est donc occupé de coordonner les choses. C’était un soulagement de confier ce boulot à quelqu’un d’autre. Par le passé, dès que l’enregistrement était terminé, je devais encore passer énormément de temps à créer la pochette, le livret… C’était intéressant de découvrir les idées d’un graphiste complètement extérieur au groupe.

- On entend souvent les musiciens se plaindre du téléchargement illégal. Quel est ton avis de graphiste sur la question ? Ne crains-tu pas que même avec la ‘solution’ du téléchargement gratuit, ton job devienne obsolète ?

Je pense que le support CD résistera encore quelques années. Ne serait-ce que comme ‘bonus’ pour les nostalgiques. D’une certaine manière, la relation entre la musique et l’aspect visuel restera importante. Le CD classique, dans son boîtier plastique, disparaîtra peut-être mais il y aura toujours besoin d’un vecteur visuel pour accompagner la musique, que ce soit le design d’un site Internet, une présentation multimédia, des T-shirts… Je crois et j’espère que pour la plupart des groupes la présentation visuelle reste importante.

- Observes-tu des changements dans ce que les clients te demandent ?

Les gens jouent de plus en plus la carte de la facilité. On pourrait croire que, vu l’état du marché, les labels misent sur la nouveauté, proposent des packagings inattendus : ils ont besoin de proposer quelque chose de neuf pour se démarquer. Alors que je vois de plus en plus de labels qui me commandent un digipack accompagné d’un livret de seize pages, avec un crâne dessus pour que tout le monde sache qu’il s’agit d’un groupe de metal.

www.darktranquillity.com

Dave

Interview réalisée le 29 décembre 2009 à Pratteln

mis en ligne le : 09.06.10 par graber

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