LIVE REPORT - WACKEN OPEN AIR | Wacken, Allemagne - Du 01 au 03.08.13

WACKEN OPEN AIR | Wacken, Allemagne
Du 01 au 03.08.13

Le Wacken Open Air, près de Hambourg est devenu une institution mondiale dans le petit monde du metal. Il s’agit tout simplement du plus grand festival du genre avec près de 80000 personnes à chaque édition. Le paradis sur terre pour tout type de metalleux, avec une affiche lorgnant sur tout un éventail de styles, de Deep Purple à Rammstein en passant par Anthrax, Lamb Of God, Gojira, Motörhead, Alice Cooper, Danzig, Doro, Meshuggah… Et c’est parti pour trois jours de marathon répartis entre deux mainstage et quatre scènes.

Jeudi 1er Août :

Cette première journée commence déjà par de grosses pointures qui s’enchaînent sur les deux scènes principales : Annihilator / Thunder / Deep Purple / Rammstein. Autant l’annoncer de suite, Annihilator a littéralement cassé la baraque ! La bande à Jeff Waters n’avait pas foulé les planches du Wacken depuis 2003, date à laquelle le groupe canadien avait également ouvert le festival. L’accueil qui lui est réservé est à la hauteur des attentes d’un public déjà présent sur le site depuis plusieurs jours et gonflé à bloc ! Lançant la promo de leur nouvel album sobrement intitulé « Feast », les gaillards nous envoient une heure de thrash ciselé (‘King of the kill’, ‘Clown Parade’, ‘Welcome to your death’…). Le pit est en feu du début à la fin, avec comme bouqué final ‘Alison Hell’, qui nous renvoie à la fin des 80’s et au monumental ‘Alice in Hell’, album de référence s’il en est, pour tout bon thrasheur qui se respecte. Les vétérans de Thunder prennent la suite et revisitent leur répertoire à grands renforts de riffs rock hard typique d’un style qui leur a valu de grandes heures de gloire dans les années 90, et notamment de partager la scène du Donington Festival en 1992 avec Iron Maiden, Slayer et Skid Row … Le gros morceau de cette fin d’après-midi est Deep Purple, nous offrant à son tour un voyage dans le temps, avec une setlist qui forcément nous connecte à notre propre histoire, tant les titres de ce groupe sont universels. ‘Highway Star’, ‘Strange kind of woman’, ‘Lazy’, ‘Perfect Stranger’, sont autant d’occasions de plonger dans la nostalgie et de savourer la maîtrise de musiciens hors pair. Bénis soient Roger Glover, Ian Gillan, Ian Paice, et loué soit Steve Morse, formidable six-cordiste dont la MusicMan signature sonne comme nulle autre pareille, que ce soit sur l’évident ‘Smoke on the water’ ou le final ‘Black night’. Magique ! Déjà 22h et le soleil balance ses derniers rayons à l’horizon. Le site du festival est plein comme un œuf, les premiers rangs sont compressés comme des harengs danois en boîte et les jeunes trustent le pit. L’ambiance devient électrique et la tension est à son comble lorsqu’un grondement retentit dans la sono. La tête d’affiche de ce soir est sur le point de lancer son set, et pour le coup, c’est du lourd qui nous attend. Rammstein est dans la place. Que dire sinon que le groupe, superstar planétaire, jouit dans son pays d’une aura considérable et sa présence sur l’affiche du WOA est sans conteste l’évènement de l’année pour les fans. Le show qui va nous être offert est à la mesure de l’attente suscitée. Avec des bombes comme ‘Keine Lust’, ‘Feuer Frei’, ‘Mein Teil’ et autres ‘Benzin’, tout n’est que riffs plombés ! Ça crache du feu, c’est subversif et ça écrase tout sur son passage ! Le public est aux anges (ou en enfer, … à voir !) et se goinfre de ce spectacle visuel unique, à commencer par ces lances flammes dont la chaleur se propage jusqu’aux premiers rangs ! N’en déplaise à certains, le WOA a encore franchi un pallier cette année et les nostalgiques du WOA des années 90 et début 2000 n’ont plus aujourd’hui que le Headbangers Open Air voisin pour étancher leur soif de real steels !

Vendredi 2 Août :

Succès international oblige, les français de Gojira sont invités à la table des grands (contrairement en 2010 où ils avaient dû se contenter d’une wet stage pendant le show d’Iron Maiden). Cette fois, ils ont droit à la Black Stage dont le pit affiche complet. Il n’est pourtant que 13h et le soleil fait déjà des ravages. Nos quatre basques vont littéralement laminer le public avec ‘Explosia’, ‘Flying Whales’, l’immense ‘Backbone’, avec un pic d’adrénaline pour ‘The heaviest matter of the universe’. Gros son, cohésion sans faille, c’est du haut niveau ! L’expérience est là, le plus grand groupe de metal hexagonal balaie tout sur son passage. Rien ne semble résister à la tornade Gojira. Un succès bien mérité ! Triompher à Wacken, c’est assurément atteindre un niveau supérieur tant le cadre est exigeant et le public demandeur de furie et de hargne. Un show mémorable, qui fera date dans l’histoire du groupe. Tandis qu’Ugly Kid Joe embarque la jeune génération sur la Party Stage, Ihsahn envoie son set sur la Black Stage. Pas de chance pour le norvégien car le soleil tape dur. Résultat, le pit est bien dépeuplé pour écouter le Black Prog’ quelque peu intello du leader d’emperor. Dommage, car le garçon livre régulièrement des albums de haute volée, mais que le contexte ne permet pas de mettre en valeur. A revoir au plus vite en club, et l’an prochain avec Emperor ! La suite se passe juste à coté, sur la True Metal Stage où les vétérans de Pretty Maids ne parviennent pas à rallier grand monde à leur cause. Il n’y a pas à dire, il ne s’est pas passé grand-chose de transcendant depuis ‘Red, Hot And Heavy’, ‘Future World’ et ‘Jump The Gun’ ! A oublier… Retour aux affaires sérieuses avec Soilwork sur la Party Stage. Les suédois débarquent avec de solides intentions, mais force est de constater que le soleil n’est pas leur meilleur allié. Le public semble sonné par la chaleur, et il n’y a guère que les premiers rangs pour se secouer sur ‘This momentary bliss’, ‘Weapon of vanity’ et ‘Follow the hollow’. Il faudra toute la détermination de Björn ‘Speed’ Strid pour relever le défi et rallier à lui un public qui répondra finalement présent sur la fin du set. Pas le concert le plus intense du groupe, mais assurément l’un des plus chauds ! Place à présent à Motörhead ! Longtemps incertain, le groupe n’a finalement confirmé sa venue au WOA qu’au dernier moment alors que le reste de sa tournée vient d’être annulé. Lemmy n’est pas au meilleur de sa forme et son état de santé est plus qu’aléatoire, en ce milieu d’été. Mais le bougre est têtu, et le WOA, c’est le WOA ! Alors le groupe est là, et nous envoie d’entrée un ‘I know how to die’ qui, vu les circonstances, nous fait froid dans le dos. ‘Damage case’, ‘Metropolis‘ nous plongent évidemment dans l’ambiance. Qu’il est bon de se prendre une dose périodique de Motörhead ! Malheureusement, ce qu’on redoutait le plus arrive au bout de six titres : Lemmy, blanc comme un linge quitte la scène pour ne plus réapparaître. Malgré les tentatives de Phil de gagner du temps avec un solo improvisé, il faut se rendre à l’évidence, Lemmy est K.O. et le show est stoppé après seulement 30 minutes. Pas le temps de s’apitoyer sur notre sort. La suite a lieu sur la True Metal Stage avec Doro. La Metal Queen mérite vraiment son titre, balançant son heavy furieux et fédérateur. Quelle énergie ! Quelle grâce ! Elle y croit comme au premier jour et que ce soit en club ou devant des dizaines de milliers de personnes, elle donne tout, et c’est pour ça qu’on l’aime. D’ailleuyrs, même si elle jouait dix fois de suite ‘All we are’, on la suivrait sans sourciller ! Un pur bonheur ! Direction la Party Stage, où Amorphis est annoncé. Le show de ce soir est annoncé comme spécial, avec une première partie acoustique présentant des orchestrations de nombreux titres et une seconde partie électrique. Le résultat se révèle en demi-teinte. On relèvera la tentative de donner au set un coté inédit, et en même temps, le coté un peu trop dépouillé des versions acoustiques laisse le public sur sa faim. L’heure tourne et la nuit est bien avancée quand Grave Digger clôture cette deuxième journée par son heavy rugueux sur la True Metal Stage. Après une journée si remplie, rester jusqu’au bout relève du challenge. Une seule chose à faire, dodo…

Samedi 3 Août :

La nuit a une nouvelle fois été courte et la journée est chargée. Elle démarre en fanfare dès 13h, avec Fear Factory sur la Black Stage. Que dire de ce combo, sinon qu’après les immenses ‘Soul of a new machine’ et ’Demanufacture’, l’enthousiasme des fans s’est quelque peu émoussé ; et les péripéties internes au groupe de même que la qualité inégale de certaines de ses réalisations ont mis du plomb dans l’aile à tous les fans de la première heure. Dino et Burton font leur apparition, flanqués d’un bassiste et d’un batteur qui, malgré leur technique et leur bonne volonté évidentes, ne pourront à aucun moment effacer Raymond Herrera, Christian Olde Wolbers ou encore les remplaçants de luxe que furent Gene Hoglan et Byron Stroud. Bref, la mayonnaise a du mal à prendre et le chant clair de Burton finit par ruiner tout espoir. Certes, ça blaste, ça riffe lourd et le hits sont là, mais tout ce beau monde a simplement loupé le coche. Place à présent à Lamb Of God sur la Black Stage. L’arrivée des cinq ricains est saluée par une ovation et le pit explose dès les premières secondes. Avec des tueries telles que ‘Desolation’, ‘Ghost walking’, ‘Walk with me in Hell’, les premières vingt minutes du set sont d’une intensité rare. C’est la guerre totale dans les premiers rangs tandis qu’au dessus de nous, le ciel s’est dramatiquement assombri et que les premières grosses gouttes d’un orage de la mort s’écrasent sur le site. L’enfer sur Terre ! En quelques instants c’est toute la mer et les poissons qui nous tombent dessus, avec une violence inouïe. Comme l’an passé pendant le set de Kamelot, un terrible orage de pluie et de vent s’abat, donnant au set de Lamb Of God une ambiance unique de fin du monde ! Que du bonheur, surtout pour ceux qui n’ont pas pris de douche depuis une semaine. Sur scène, le groupe savoure son plaisir d’être aux premières loges de ce chaos et renchérit en organisant un ‘wall of death in the mud’ historique ! De la boue comme s’il en pleuvait ! D’ailleurs, il pleut de la boue. Les mottes de terre volent dans les airs, les batailles rangées font rage dans le public et tout cela au son de ‘Laid to Rest’, ‘Redneck’ et de l’imparable ‘Black Label’. Comme par enchantement, le soleil refait son apparition en fin de set et comme si de rien n’était, le flot principal du public migre vers la True Metal Stage où Anthrax s’apprête à monter sur scène. Cela fait dix ans que les new-yorkais n’ont pas mis les pieds au WOA et la dernière fois, en 2004, c’était avec John Bush au micro (et Joey Vera à la basse) pour un set mémorable enchaîné à celui non moins excitant de Death Angel. Après leur annulation en 2009 suite à l’éviction du pourtant prometteur Dan Nelson, les voilà de nouveau devant nous, en configuration « old school » avec un Joey Belladonna en frontman revenu du passé pour mieux légitimer la place d’Anthrax dans le Big Four. Autant le dire de suite, Anthrax en 2013 est au moins aussi excitant qu’en 1988. Sur scène, la machine tourne à plein régime et sans aucun complexe. Seul petit bémol, la présence aux côtés de Scott Ian du nouveau soliste, transfuge de Shadows Fall, Jon Donais, qui manque un peu de présence face à l’énergie de Franck Bello ou de l’expressif Joey. Mais ne chipotons pas, car le public prend un pied monstrueux à retrouver cette légende. La suite est pas mal non plus puisque Danzig s’apprête à investir la Black Stage. L’ex-Misfits, tout en muscles et en testostérone est en grande forme. Accompagné de Tommy Victor (Prong) à la guitare et du batteur Johnny Kelly (ex-Type O Negative), Glen revisite son répertoire solo avant d’accueillir à ses côtés l’impressionnant Doyle, son acolyte des Misfits, pour quelques titres furieux, parfaits pour une partie de catch dans la boue. Ça déboîte sévère et les ‘Death comes ripping’, ‘I turned into a Martian’ et autres ‘Last Caress’ dressent admirablement la table pour un superbe ‘Mother’. Excellent ! Le clou de la soirée se passe sur la black stage avec Alice Cooper, qui fait partie de ces artistes que l’on pourrait suivre dix soirs d’affilée sans se sentir rassasié, compte tenu de la qualité de son œuvre et de son talent pour transformer chaque concert en véritable spectacle. De plus, l’artiste se renouvelle sans cesse. En plus des guillotines, infirmières lubriques et autres créatures mal intentionnées, nous avons droit à un moment absolument magique. L’arrière scène est couverte d’un backdrop géant représentant quatre pierres tombales aux noms masqués, et qui les unes après les autres, vont révéler leurs illustres pensionnaires : Jimi Hendrix, John Lennon, Jim Morisson, Keith Moon, avec, pour chacun, la reprise intégrale d’un de leur titre phare : ‘Foxy Lady’, ‘The other side’, ‘Revolution’, et enfin ‘My generation’. Ajoutez à cela, en dans le désordre, ‘Billion dollars babies’, ‘Under my wheels’, ‘Poison’ et autres ‘I’m eighteen’, et un final ‘School’s out/Another brick in the wall’, un line-up de rêve et un Alice exceptionnel en maître de cérémonie, et vous obtenez le concert le plus génial de ce WOA 2013. Ni plus ni moins. Place maintenant à Nightwish, bénéficiant d’une aura et d’une popularité énorme. Le talent de leur nouvelle chanteuse Floor Jansen (ex-After Forever) est incontestable. Plus d’une heure et demi de grand spectacle ! Mais il est temps de filer à la Party Stage pour quelque chose de beaucoup lourd et agressif, Meshuggah. Ce soir, le set qui nous est offert est une tuerie totale, dans le genre ‘pluie d’enclumes’. Le groupe a de plus travaillé son visuel. Avec une mise en scène très étudiée, des musiciens encadrés par des bandes verticales rétro-éclairées et des lights faisant varier les ambiances, le show prend une ampleur rare et la musique des suédois n’en est que mieux mise en valeur.

Encore une belle édition et des souvenirs plein la tête… [Anne-Sophie]

mis en ligne le : 20.05.14 par Mikamika

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